Le BVB a fêté samedi sa douzième victoire consécutive contre le SC Freiburg après une prestation extrêmement convaincante. C’est bien tombé : en ce week-end de carnaval, l’atmosphère était à la fête dans le peuple jaune et noir et nous avons passé une bonne partie du match à faire des pogos en bloc visiteurs ! C’était clairement notre déplacement le plus festif depuis la victoire à Hambourg.
J’aime bien faire le déplacement de Freiburg, pas seulement parce que, depuis 2010, nous en revenons toujours avec une victoire mais aussi parce que c’est, pour nous autres Suisses, le plus court déplacement de la saison. Nous embarquons à Bâle avec mon Fanclub dans le train en direction de… Dortmund. Sauf que nous nous arrêtons après 35 minutes à Freiburg, nous n’avons même pas eu le temps de finir les stocks de bières…
Karneval in Freiburg
Ce week-end, c’était Karneval un peu partout en Allemagne et donc aussi à Freiburg. De nombreux fans sont venus au stade déguisés, l’ambiance est vraiment à la fête. De manière un peu absurde car nous sommes plutôt amis avec les fans du SCF (qui nous ont fait une banderole de soutien dans notre combat contre la DFB et Leipzig, comme tant d’autres clubs en Allemagne) et les risques de débordement avec eux sont nuls, l’alcool est prohibé en bloc visiteurs. La mesure fait effet contraire car la plupart des fans se saoulent plus que d’habitude avant le match, en prévision de l’absence d’alcool pendant le jeu. Les tournées de bières s’enchaînent dans les Biergarten à coup de girafes de trois litres et nous sommes tous rentrés avec un t-shirt « Ich bin Freiburger Pilsner » offerts au bar en guise de souvenir. C’est d’autant plus indispensable de bien s’hydrater avant le match parce qu’à Freiburg, si tu as des places en bloc visiteurs, tu sais que tu vas au stade avant tout pour faire la fête et chanter plus que pour voir du football. J’aime bien ce Schwarzwald-Stadion avec son charme un peu désuet mais il faut reconnaître que, dans le Gästeblock, le 80% des fans ne voient même pas le terrain, masqué par les grillages, les banderoles et les drapeaux. Comme nous avons beaucoup d’expérience, nous arrivons suffisamment tôt pour prendre l’une des rares places en secteur debout permettant de voir plus ou moins le jeu. On craint toujours un peu ce déplacement à Freiburg car, sur les premiers contreforts de la Forêt Noire, la température peut descendre assez bas et le Gästeblock n’est pas pourvu de toit : nous avons quelques souvenirs épiques de matchs là-bas où nous avions fini trempés par une pluie glaciale, voire par la neige. Fort heureusement, il n’en est rien en ce beau samedi de février et c’est sous un soleil radieux et par une température printanière que nous sommes accueillis en Breisgau. Une vraie atmosphère de fête, encore renforcée par le très joyeux hymne des Breisgauer.
Un sympathique néo-promu
Cette saison, les deux néo-promus en Bundesliga sont Leipzig et Freiburg. Il est difficile d’imaginer deux promus aussi dissemblables : d’un côté, l’artificiel RB, son pognon, son arrogance, ses ambitions mégalomaniaques ; de l’autre, le SCF, club familial et traditionnel, modeste, qui fait avec les moyens du bord et travaille essentiellement avec les jeunes, tentant de survivre en Bundesliga en attendant la construction prévue pour 2020 d’un nouveau stade de 35’000 places à l’autre extrémité de la ville qui devrait permettre au club de disposer de moyens supplémentaires. En attendant, le succès du SC Freiburg repose beaucoup sur un homme, l’inamovible entraîneur Christian Streich, au club depuis… 1995, comme entraîneur des U-19, puis entraîneur adjoint et, depuis 2011, coach de la première équipe. C’est sans doute l’entraîneur en Bundesliga dont le style se rapproche le plus de celui de Jürgen Klopp. Christian Streich n’a peut-être pas le même charisme mais son caractère volcanique sur le banc, son franc-parler, son humour pince sans rire, son système de jeu, son attitude très protectrice envers ses joueurs et ses prises de positions claires sur les questions de Fankultur rappellent beaucoup notre cher Kloppo. Et donc, comme notre ancien entraîneur adoré, Christian Streich demande à son équipe de débuter les matchs avec beaucoup d’intensité, surtout à domicile. Si nous avons toujours gagné à Freiburg depuis que ce dernier est dirigé par Streich, ce fut toujours après avoir été beaucoup bousculés et malmenés. Sauf samedi.
Eloge de Thomas Tuchel (si, si…)
Nous avons beaucoup critiqué le système de jeu axé sur la possession de balle que tente de mettre en place Thomas Tuchel. Il faut cependant reconnaître une vertu à ce système : en privant l’adversaire de ballon, nous l’empêchons d’imposer son rythme à la rencontre et de nous mettre son pression. Nous avions déjà fait ce constat à Mainz où n’avions jamais été aussi peu bousculés. Le problème, trop souvent, c’est qu’en endormant l’adversaire, le BVB s’endort trop souvent aussi lui-même. En plus, comme notre défense est rarement capable de réussir un match sans erreur, nous prenons des buts même sans avoir été mis sous pression. Mais lorsque nous n’oublions pas d’accélérer et de jouer vertical de temps à autres et que notre arrière-garde réussit une copie sans faute ou presque, notre si décrié système nous permet de complètement réduire à l’impuissance des adversaires du type Freiburg et de remporter des victoires extrêmement abouties.
Eloge de Marc Bartra (si,si…)
Le BVB a en plus eu la bonne idée d’ouvrir la marque sur un coup franc de Guerreiro repris par Sokratis. Il est clair que l’un de nos problèmes cette saison, c’est notre faiblesse sur balles arrêtées, tant défensive qu’offensives et l’on craignait vraiment ce secteur de jeu où excelle le SC Freiburg. Nous n’allons pas encore crier victoire mais si, nous parvenons à améliorer notre efficacité dans ce domaine, alors de nouvelles perspectives vont s’ouvrir à notre Borussia. Un autre point positif de ce match en Breisgau, c’est le match très solide réussi par notre défense. Souvent critiqué, Marc Bartra a livré un match très solide et confirme les progrès montrés lors de ses dernières sorties. Il lui a fallu un temps d’adaptation mais c’est le cas pour tout joueur débarquant de Liga en Bundesliga, tant le championnat allemand est plus exigeant en terme d’intensité et d’engagement. C’est donc très encourageant de voir l’ancien Barcelonais prendre ses marques. Et quand on voit la performance assez calamiteuse de la défense de Leverkusen avec notre futur recrue Ömer Toprak contre l’Atletico Madrid, il n’est pas du tout certain que l’arrivée du défenseur turc envoie l’Espagnol sur le banc. Surtout qu’en terme de relance, Bartra propose sans doute une qualité supérieure à Sokratis et Toprak. Ceci dit et on ne le répétera jamais assez, nos problèmes défensifs ne sont pas de la responsabilité de nos seuls défenseurs mais de tout le collectif. Avec la présence de Durm et Guerreiro sur les côtés et un Castro, excellent, plus reculé sur le terrain pour venir seconder Weigl, le BVB a clairement trouvé un meilleur équilibre et a grandement facilité la tâche de notre défense. Ainsi, face à ses anciens coéquipiers, Roman Bürki n’a eu qu’un seul vrai arrêt à effectuer devant Niederlechner, sinon il a pu bronzer au soleil de Breisgau.
Génial Reus
Et cette fois, contrairement à ce qui s’était passé à Brême (malgré la victoire) ou Mayence, le Borussia a su se mettre à l’abri après avoir ouvert le score. Le mérite en revient à Marco Reus, auteur d’un match somptueux, qui a offert le 2-0 sur un plateau à Pierre-Emerick Aubameyang après un petit pont génial. Notre buteur soi-disant en crise gabonais s’est même offert le doublé en concluant avec opportunisme une belle triangulation avec Dembelé et Durm pour le 3-o final. Voilà qui calmera les polémiques sur la « méforme » d’Aubame et sa préparation tronquée par le Coupe d’Afrique. Et le score aurait même pu être plus sévère sans quelques arrêts du gardien Schwolow ou si Kagawa avait pu cadrer sa reprise de la tête. Au final, c’est une victoire sans histoire et sans trembler dans un stade où pourtant tous les grands d’Allemagne se font normalement bousculer. Du travail très bien fait donc. J’estimais que la défaite à Lisbonne contre Benfica était en grande partie imputable au manque de confiance engendré par quelques très mauvaises sorties en championnat, ces deux victoires convaincantes contre Wolfsburg et Freiburg vont sans doute ramener de la sérénité dans le groupe. Même si l’on a appris à se méfier avec ce BVB 2016-2017 assez imprévisible et irrégulier.
Superbe ambiance
On ne sait pas si c’est la performance convaincante de nos Jungs qui a inspiré les fans ou si c’est l’inverse, toujours est-il que nous avons vécu l’une des meilleures ambiances en Gästeblock de notre saison de Bundesliga. Avec Hambourg et Hoffenheim. Le peuple jaune et noir a chanté durant tout le match, certains chants ont duré plus de dix minutes sans interruption, les écharpes s’envolent en direction du ciel bleu de Breisgau et il y a eu de nombreux pogos, comme à un concert de punk-rock. Il fallait bien s’occuper : certains ultras ont passé tout le match derrière leurs banderoles et n’ont rien vu du terrain : le BVB aurait pu jouer avec un maillot bleu et blanc qu’ils ne s’en seraient pas aperçus ! Mais gageons que les mecs n’auront quand même pas regretté leur déplacement. Finalement, les seules fausses notes de l’après-midi sont venues de l’écran géant avec les victoires de Leipzig sur Köln et du Bayern contre Hambourg. Cela fait très longtemps que nous avons fait le deuil de nos rêves de Meisterschale cette saison mais on espérait que cet HSV qui semblait en nette reprise pourrait embêter un peu le Rekordmeister, on a déchanté avec cette défaite 8-0. Du coup, on ne se gêne pas pour allumer celui d’entre nous qui nous avait expliqué dans les théories d’avant-match que, en cas de départ de Thomas Tuchel, l’entraîneur d’Hambourg Markus Gisdol serait la meilleure solution pour le remplacer. La question n’est pas à l’ordre du jour, Gisdol serait sans doute une meilleure solution qu’un entraîneur bling-bling sans aucune expérience de Bundesliga comme Ranieri ou Sampaoli dont rêvent certains Footix mais on se voit quand même mal engager un entraîneur qui en prend huit à Munich.
Jour de fête !
Après avoir dignement célébré nos joueurs, les supporters assoiffés reprennent le chemin des Biergarten pour aller fêter la victoire. Les fans des deux camps et les fêtards du Karneval se mélangent dans une ambiance chaleureuse et conviviale, les tubes de Schlagerparade et les tournées s’enchaînent, c’est bien pour vivre ces atmosphères de fête et d’amitié que l’on adore la Bundesliga et que l’on parcourt des centaines de kilomètres chaque week-end. Nous aurons donc vécu une magnifique après-midi de football en Forêt Noire. Pour la première fois depuis novembre et les victoires contre Hambourg et Bayern, notre Borussia a été capable d’enchaîner deux victoires en Bundesliga. Il s’agit maintenant de poursuivre sur cette lancée avec quatre matchs capitaux en deux semaines : Lotte en Pokal, Benfica en Ligue des Champions, Leverkusen et Berlin en Buli. Une séquence qui, si elle est maîtrisée avec autant de brio et de maestria que ce match à Freiburg, peut nous laisser entrevoir un printemps assez exaltant dans une saison plutôt frustrante jusque-là.
Julien Mouquin
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