Personne n’aurait pensé au début de cette cuvée 2016-2017 de Bundesliga que ce BVB-Hoffenheim serait « une finale pour la 3ème place » : cette ultime place qui vous envoie directement en phases de poules de la Königsklasse. Nos Jungs sont sortis vainqueurs de ce combat physique et tactique mais non sans réussite. Récit de cet avant-dernier Heimspiel avec Diego, fan francophone du BVB qui effectuait son 5ème déplacement à Dortmund en un an et demi. Si vous voulez également vous exprimer sur notre site, il vous suffit de nous contacter, comme Diego, et c’est avec plaisir que nous publierons vos textes.

En tant que Français, il est vrai que, pour se permettre ce genre de déplacements, il faut épargner quelques centaines d’euros pour pouvoir se rendre à Dortmund (rallier la ville au départ de la France n’étant pas chose facile). J’avais expérimenté les trajets en autocar et même une fois en voiture (ça reste quand même mythique) mais ils sont bien trop longs. La solution la plus efficace, c’est les avions low-cost en direction de la ville de Düsseldorf. Par la suite, vous pouvez prendre un train régional pour aller sur Dortmund gratuitement (si vous avez un billet de match déjà en votre possession). Par la suite, si la vie n’est pas si coûteuse à Dortmund, l’essentiel est surtout d’acquérir votre sésame pour entrer au Westfalenstadion (en toute légalité !). Si toi aussi, lecteur, ta passion du Borussia est aussi intense que tu le crois, deviens Mitglieder pour acheter tes billets légalement via la hotline téléphonique (uniquement dans la langue de Goethe, forcément) et récupérer bien d’autres petits avantages. Sinon, checke régulièrement le site internet pour savoir quand acheter librement des billets sur internet, c’est possible (mais rare) et je l’ai fait pour ma première fois là-bas. Pour finir avec cette micro-notice, s’intéresser à la langue allemande me semble indispensable pour pouvoir voyager là-bas.

Préparation de match

Jeudi 4 mai au soir, les affaires sont prêtes pour un nouveau trip en direction de la vraie capitale du football. Echarpes, maillots, billets d’avion et surtout 3 billets d’entrée dans notre Tempel, tout est réuni pour vivre un week-end intense et se sortir de notre quotidien « à la française » en ce week-end où nous allons élire un nouveau président. Je trépigne d’impatience de partir le lendemain !

Vendredi 5 mai, départ de Montpellier en direction de Lyon, mon ancien lieu de vie où j’ai étudié 3 ans. Comme évoqué dans la notice, le plan était de prendre l’avion le lendemain matin avec une connexion Lyon > Düsseldorf très bien calibrée en termes d’horaires. J’arrive sur Lyon en début d’après-midi pour revoir des amis, forcément, nous évoquons mon week-end en Allemagne et même si je n’ai pas que des amis fans de football, ils sont impressionnés par les photos que je leur montre. J’ai même la joie de revoir un ami fan de Lyon que je n’ai pas revu depuis mon avant-dernière virée au WS dont il faisait partie, nous refaisons le monde avec quelques bières allemandes. Je file ensuite rejoindre mon premier compagnon de voyage à la gare. Une soirée géniale qui s’éternise tard jusque dans la nuit, quelques heures de sommeil suffiront, l’impatience se ressent.

Samedi 6 mai, aéroport de Lyon, nous sommes prêts à décoller, à peine le temps de monter en l’air et de boire un jus de fruits, nous redescendons quasiment déjà. Une petite heure et quelques minutes de vol et nous voici arrivés en Nordrhein-Westfalen. Nous nous faisons récupérer en voiture par le 3ème compagnon de voyage au parking. Richtung Dortmund ! Arrivés en centre-ville à midi, nous garons le véhicule et entamons dans la foulée notre descente en métro vers le WS. Temps fort agréable, une belle après-midi de Fussball se profile devant nous. 3 heures avant le coup d’envoi et déjà du monde aux abords des multiples Biergarten et du FanWelt particulièrement bondé ce jour-là à cause des promos de fin de saison. On n’échappe pas aux traditions d’avant-match : Westfälischer Schinken > Bratwurst > Bier ! Cocktail diablement efficace pour lancer cette après-midi. On retrouve ensuite des amis francophones vers la boutique. Ces derniers m’annoncent avoir payé 120€ pour avoir des places ayant une valeur 3 fois moins élevée… Voilà pour l’anecdote, je tiens à te le préciser, acquérir des billets via des plateformes de revente est un risque. Bref, après avoir fait un tour dans la boutique, nous repartons dans les Biergarten pour profiter de cette convivialité d’avant-match. L’heure tourne, nous rentrons dans le stade un peu plus d’une heure avant pour obtenir une bonne place dans le Block 63. Ce Block est composé uniquement de Stehplätze (places debout) et est situé en Nord au niveau du corner en haut à droite lorsque tu regardes un match du BVB à domicile. Un régal pour vivre un match pleinement dans l’ambiance, on y reprend les chants de la Süd et tu n’y trouveras certainement pas quelqu’un sans ses couleurs fétiches. Pour moi, le deuxième meilleur spot pour voir le match dans le stade, derrière la Süd (forcément). Après, il ne faut pas faire la fine bouche: quand t’as un ticket pour venir, c’est déjà une sensation incroyable ! On se rapproche de l’heure du coup d’envoi, Bürki rentre sous les acclamations du public, puis les joueurs suivent peu de temps après, c’est déjà un moment si culte où tu dois tourner ton écharpe en l’air, c’est magnifique de voir cela. J’en profite pour appeler un ami en FaceTime (tu te reconnaîtras en lisant cet article !), c’est presque vicieux de ma part mais j’avais envie d’être généreux et qu’il profite de voir ça comme s’il y était : t’inquiète mon ami, tu finiras bien par y aller !!! « You’ll Never Walk Alone » retentit, écharpe tendue, je lâche quelques larmes, c’est une sensation purement indescriptible tant cela vient de manière naturelle pour moi. Scander les noms des joueurs t’envoie aussi son lot de frissons. On est quasiment 80 000 personnes synchronisées à crier au même moment, c’est dingue ! Les joueurs rentrent, c’est parti pour 90 minutes de combat.

© Diego Perez

Le match

Et si on parlait du match dans tout ça ? Tuchel envoie son 3-4-3 (c’est ce qu’annonce la Bundesliga, mais on change tout le temps de dispositif…) que je n’apprécie pas particulièrement tout comme Nagelsmann, le jeune coach de 29 ans d’Hoffenheim, que l’on envoie déjà à droite à gauche. Pas vraiment de surprises dans les compositions d’équipes. Mais dès les premières minutes, on exerce un pressing assez intense sur les bleus pour récupérer vite et haut le ballon. 4ème minute : ballon en cloche de Guerreiro dévié par Castro pour Reus, on le voit se présenter seul face à Baumann, la balle finit entre les jambes du portier : TOOOOOOORRRR !!! Les bières ont volé en 63, je finis dans les bras d’un inconnu, je crois que c’est assez clair : nous menons 1-0 sur notre première occasion. Par la suite, et c’est assez rare pour le signaler, on laisse le ballon à l’adversaire qui se lance dans une possession assez stérile. 10 minutes plus tard, ouverture pour Reus sur le côté gauche qui contrôle de…l’épaule pour un centre instantané contré par Kaderabek du bras. Elfmeter ! Aubameyang se présente et je ne peux m’empêcher de penser à son dernier pénalty tenté à Lisbonne… Hors-cadre. Au quart d’heure, mener 2-0 aurait été tout bonnement exceptionnel. Sauf qu’on a une équipe qui aime bien se compliquer les tâches. Le reste de la première mi-temps est devenu plus tranquille, Uth place un coup de boule bien capté par Bürki, c’est quasi la seule parade de notre Torwart dans cette mi-temps. La seconde mi-temps repart sur le même rythme, pas de frappe cadrée avant la 55ème de la part d’Hoffenheim, et dans la foulée, le BVB est tout proche de doubler la mise par Reus magnifiquement lancé par Castro sur un coup-franc rapidement joué. Ginter s’essaye à la frappe du gauche, au-dessus. Le temps s’écoule lentement mais on sent quand même qu’Hoffenheim n’est pas dans un bon jour. Le danger ne s’est présenté que de rares fois et on en profite à 10 minutes du terme : Weigl renverse sur Piszczek qui n’est pas attaqué, il adresse un bijou de centre au second pour Guerreiro qui reprend de volée… Poteau ! Mais Aubameyang était sur la trajectoire et pousse la balle au fond des filets : TOOOOOOOOOOORRRRRR !!!!!!!!! Là, on est comme des dingues, ça part en live, Nobby s’égosille dans son micro, on mène 2-0 dans ce match au scénario surprenant tant on s’attendait à mieux techniquement. Mais ce n’est pas fini, car il est assez compliqué de finir les matchs sur des clean-sheet… Ginter ceinture Wagner (qui, pour une fois, n’était pas hors-jeu…) : Elfmeter ! Kramaric transforme nonchalamment plein axe, 2-1 il reste 5 minutes. Mais on ne prend même pas la pression des adversaires sur la fin, Dr. Felix Brych siffle la fin : HEIMSIEG !

© Diego Perez

L’après-match

Nagelsmann s’en prend au 4ème arbitre mais aujourd’hui, il s’est foiré tactiquement. En termes de stats, certes il a eu la possession, mais ce fut trop stérile. Cela faisait quelques matchs qu’ils jouaient avec le feu avec constamment ce brin de chance pour marquer en fin de match, mais le BVB s’est montré solide (si l’on excepte cette faute de Ginter qui montre que l’on a encore du travail derrière) et a réussi un bon coup. Depuis l’effroyable atteinte qu’un pauvre homme a porté au Borussia, où l’ensemble du club a souffert de cet évènement, force est de constater que nous avons su nous relever grâce à nos valeurs. Invaincus depuis ce drame, aujourd’hui, nous remontons sur le podium en attendant deux matchs primordiaux pour valider définitivement cette qualification. Car, ironie du sort, c’est Augsburg et Bremen (qui fait une fin de saison en trombe) qui seront les arbitres de ce combat pour la troisième place (le BVB ira à Augsburg et recevra Bremen ; tandis qu’Hoffenheim se rendra à Bremen pour finir à domicile contre Augsburg). Si on devait résumer un top-flop chez les Jungs, on appréciera les prestations de Weigl, Sokratis et Castro ; un peu moins celles de Dembélé et Ginter… Enfin, cela n’engage que moi. Nous sortons du stade heureux et prêts à fêter la victoire : direction la piscine où on galère à retrouver nos copains administrateurs de Génération WS. Une fois ces derniers retrouvés, direction le deuxième temple du football (l’appartement où nous logeons) en plein centre-ville avec un détour au REWE pour payer le loyer. Un conseil les gars, porter une caisse de bières (dortmundoises évidemment) pleines sur quelques centaines de mètres, c’est une grosse connerie (mais c’est rigolo) ! On pose les affaires et on parle foot, encore, en dégustant de l’immonde Paderborner Pilsener… On vient d’apprendre la débâcle de l’Alte Dame (Hertha BSC) face au Rattenball Sport Leipzig (non, y’a pas de faute de frappe…) sur le score de 1-4. Bon, c’est con parce que si on leur ravissait la 2nde place, franchement, l’Allemagne tradition se serait fait une joie de chambrer une enième fois la franchise de Red Bull. Nous repartons sur l’Alter Markt pour le repas du soir : au menu, Schnitzel oblige, après avoir mangé toutes les cochonneries, faut aussi varier… Quelques bières pour finir puis nous rentrons finalement bien fatigués et l’on s’endort très rapidement. On va faire de beaux rêves cette nuit !

© Diego Perez

Le deuxième match

Dimanche 7 mai, je me réveille avec un léger mal de crâne (eh oui, la bière, ça tape…). Nous sommes gâtés pour le petit déjeuner avec des Berliner (beignets à la confiture) et des faux croissants (en bon Français, on se plaint et on vante notre gastronomie !). Pas de résumé du match disponible sur Sky, dommage, j’aurais voulu revoir les images assez rapidement. Après le réveil des copains, séance musique et karaoké particulièrement axé sur les chants de supporters (en passant « Oh Fortuna, so wunderschön » ; l’hymne du Effzeh Köln et pour conclure avec le cultissime « Was wollen wir trinken » que l’on préfère entendre lorsque la Süd chante « Borussia Dortmund BVB 09 Borussia Dortmund BVB Schalalala… » plutôt que lorsque Hoffenheim marque un pion…). Moment particulièrement sympa où tu constates que la Fankultur allemande est au-dessus de tout. Depuis ma première au WS il y’a un an et demi, je n’arrive à m’éclater que dans les stades allemands. En France, on se satisfait d’un déplacement de 200 supporters ou d’avoir un semblant de bière alcoolisée aux abords du stade, je regrette cette mentalité où aujourd’hui, tu portes un maillot de Lyon à Saint-Etienne (pareil avec Marseille/Paris – Lens/Lille…) et tu te fais limite agresser dans la rue. Moi, je n’oublierai jamais ce Dortmund-Köln il y a un an où j’ai rencontré des fans du Effzeh vêtus de rouge et blanc dans la marée jaune et noire, passion et fraternité étaient au rendez-vous, pas les coups et les insultes. Enfin, pour conclure ce week-end allemand, direction le Rote Erde Stadion pour aller voir le match de la réserve du BVB face au vieux Traditionsverein de l’Alemmania Aachen. La simple définition du football tel qu’on doit le vivre à chaque match : Bratwurst + Bier + Stehplatz. On s’installe proche des « Ultras von die Amateure » pour profiter de l’ambiance. Vous pensez peut-être que j’exagère, mais ces mecs étaient un peu plus d’une centaine, ils étaient déterminés à se fracasser la voix pour les Amateure. On y retrouve des chants classiques mais aussi d’autres que je ne connaissais pas, tout aussi entraînant les uns que les autres (tous les mecs sautent quand on dit de sauter !). Le tempo correctement maîtrisé par deux batteurs. Un spectacle dément ! Pour ce qui est du match, ce fut l’occasion de découvrir le talent des jeunes de la réserve; malheureusement, pas de but pour concrétiser leurs nombreuses possessions. Dommage de finir le week-end sur une double bulle, moi qui vend à tous mes potes que l’Allemagne, ça marque des pions à tout-va… Après un détour à la station essence où je me fais une joie de parler allemand (oui, y’a des mecs qui aiment parler allemand !), nous nous dirigeons vers Düsseldorf pour prendre notre avion. Nous abandonnons notre compagnon de route venu en voiture de Lille, gute Reise mon frère ! Après le security check, on se met à suivre le match de Lyon, match à rebondissements où on apprend le 3-2 dans la navette entre la porte d’embarquement A51 et l’Airbus A319 d’Eurowings (eh ben oui, y’a aussi des buts en France). Là aussi, vol rapide où je commande du soda et mon collègue se prend des tapas, on survole ce matelas de coton magnifique entre Allemagne et France, la sensation est géniale, nous redescendons en France sous une météo bien nulle, avec une bonne grosse averse pour nous accueillir. On termine la soirée entre copains dans un bar espagnol, histoire de faire le globe-trotter à fond et de parler 4 langues différentes en l’espace de 4 heures… Ou comment conclure de belle manière un week-end fabuleux.

© Diego Perez

Lundi 8 mai, midi, j’émerge et repense à mon week-end. Mon collègue part avant moi, bon retour mon ami ! Quel sera la prochaine aventure que l’on partagera ensemble ? Je me demande déjà quand est-ce que je reviendrai. Mais c’est bien le sens inverse que je prends puisque je m’éloigne encore plus de Dortmund. Direction Montpellier où je termine ma soirée avec un sympathique Lens-Strasbourg, mais la fatigue est trop forte.

Voilà, lecteur, c’est à ça que ressemble un week-end réussi, entouré de personnes exceptionnelles, dans un lieu mythique, pour y vivre ta plus grande passion. Je te souhaite de vivre la même chose, sincèrement. On voit beaucoup de conneries où il faut taper « AMOUR » au 6 12 12 pour savoir où se situe ton âme sœur, où on se marchande presque pour « matcher » avec quelqu’un… Dans ma quête du « Echte Liebe », valeur indispensable du fan du BVB, je peux affirmer que, m’être rendu une fois de plus dans la Fussballhauptstadt, m’a permis de faire grandir cet amour véritable du Borussia Dortmund au plus profond de moi-même.

Bis bald ! Diego


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