Le BVB n’a plus battu le 1. FC Köln depuis le 25 mars 2012. Ce jour-là, le Westderby avait tout du traquenard pour le Borussia Dortmund. Mais, accrochés avant la pause, les Pöhler avaient su déjouer le piège grâce à une deuxième mi-temps d’anthologie avec cinq buts tous aussi beaux les uns que les autres et un Shinji Kagawa stratosphérique.
Avant que le duo Stöger-Schmadtke n’y remettre de l’ordre, le 1. FC Köln, c’était un peu le Dallas de la Bundesliga, une saga avec épisodes et rebondissements multiples. Parmi les derniers épisodes, il y avait eu l’annonce par le Bild du transfert l’été suivant de l’idole locale Lukas Podolski vers Arsenal pour 13 millions d’euros, un montant jugé trop modique, surtout que Cologne ne possédait pas l’intégralité des droits sur son joueur. Autre péripétie, le conflit entre l’entraîneur Ståle Solbakken, plutôt apprécié des supporters, et le très impopulaire directeur technique Volker Finke s’est envenimée dans un club alors toujours privé de président. La plupart des médias estimaient que Finke allait finir par virer son entraîneur pour s’installer lui-même sur le banc, comme il l’avait fait avec succès en fin de saison dernière (trois victoires en trois matchs pour assurer le maintien). Mais c’est l’inverse qui s’est produit : Ståle Solbakken a été conforté par un succès rocambolesque à 9 contre 10 face au Hertha Berlin et c’est Volker Finke qui a été prié de prendre la porte, un peu plus d’une année après son entrée en fonction. C’est un peu comme cela que ça fonctionne à Cologne depuis plusieurs saisons : le club est en crise, des mesures radicales sont prises pour endiguer la crise, cela provoque une embellie, tout le monde s’enflamme, les supporters chantent « Europapokal, Europapokal », puis le club replonge, on passe à la crise suivante et ainsi de suite.
Un exploit rare
Du coup, Cologne était plutôt dans sa phase dangereuse, celle où il devrait y avoir une embellie. En plus, les Geissböcke pouvaient aligner plus ou moins leur équipe type pour la première fois depuis longtemps. Et les deux derniers déplacements du Borussia Dortmund au Müngersdorf avaient débouché sur des matchs houleux avec à chaque fois une victoire dortmundoise à la dernière minute. C’est dire si le BVB avait tout à craindre de ce Westderby.
L’ambiance est bien entendu fantastique, avec 40’000 fans locaux qui veulent pousser leur équipe à l’exploit et 10’000 fans dortmundois bien décidés à repartir du Müngersdorf avec cinq longueurs s’avance sur le Bayern. Evidemment, la bataille des tribunes a été remportée par les fans jaunes et noirs, même lorsque Cologne a mené au score. Car les Domstädter ont cru au miracle lorsque Milivoje Novakovic a profité d’une hésitation coupable du gardien Weidenfeller sur un centre de Lanig pour ouvrir le score de la tête. Déjà un exploit en soi : Dortmund n’avait plus été mené au score par une équipe allemande depuis le 24 septembre 2011. Cette ouverture à la marque allait conforter les Geissböcke dans leur plan de jeu défensif, eux qui sont beaucoup plus à l’aise lorsqu’ils peuvent défendre et évoluer en contre.
Le déluge
Le BVB ne va pas mettre trop longtemps à réagir. Après une première tentative de Lewandowski bloquée par Rensing, l’égalisation va survenir sur un coup franc du latéral gauche Marcel Schmelzer dévié par la tête du latéral droit Lukasz Piszczek. Le match avait basculé, même si, en contre, Podolski n’a pas été loin de redonner l’avantage au 1. FC Köln. Mais la fin de la première mi-temps est clairement à l’avantage des Pöhler et Cologne est tout content d’atteindre la pause sur un score de parité, avec notamment un but (justement) annulé pour hors-jeu de Bender.
Ce n’était que partie remis et la foudre va s’abattre sur les Geissböcke dès la reprise : un coup franc astucieusement joué permet à Piszczek de remiser pour Shinji Kagawa qui arme une volée surpuissante sous la latte pour donner l’avantage au BVB. Alors que les joueurs colonais étaient encore en train de pleurnicher vers l’arbitre pour une main collée au corps de Subotic qui ne donnait matière à siffler rien du tout, Dortmund allait classer l’affaire sur un but d’anthologie : une percée de Kuba, Kagawa relaie d’une talonnade géniale et le Polonais peut servir son compatriote Robert Lewandowski qui n’a plus qu’à marquer dans le but vide. Deux goals juste après la mi-temps, c’est très dangereux car les verres sont encore pleins. C’est donc un véritable déluge de bière qui s’abat dans le Gästeblock en signe d’allégresse, je suis bien content d’être assez en haut dans la tribune : même si la température est estivale, ce n’est jamais très agréable de se coltiner six heures de trajet de retour avec des vêtements qui collent et sentent la bière.
La démonstration
Il est clair qu’avec deux longueurs de retard, c’en était fait des espoirs d’un 1. FC Köln bien incapable de prendre le jeu à son compte ni de se procurer la moindre chance de revenir. Cologne a tenté sa chance, il a dû s’avouer vaincu contre trop fort pour lui, en soi cela n’a rien d’infamant. Ce qui est plus gênant, c’est la démission collective des Geissböcke dans la dernière demi-heure, une spécialité locale. Et contre un adversaire comme Dortmund qui va toujours de l’avant et en veut toujours plus, ça ne pardonne pas. La fin du match tourne à la démonstration. Shinji Kagawa et Ilkay Gündogan transpercent l’axe de la défense adverse pour permettre au second nommé d’inscrire le 1-4 en poussant tranquillement le ballon dans le but vide, cinq jours après avoir été le héros de la ½ finale de DFB-Pokal à Fürth en inscrivant le but de la victoire à la 120ème. Cette fois-ci, je n’échappe pas à la douche à la bière, alors que les spectateurs locaux désertent en masse. L’avantage, c’est que le temps d’effectuer les rappels d’après-match et d’arriver à la voiture, le parking était déjà quasi vide, alors que d’habitude c’est la galère pour s’en extirper. Bref, jamais un retour de Cologne un dimanche soir nous aura paru aussi rapide, va savoir pourquoi… Une reprise pleine lucarne de Shinji Kagawa après un centre de Lukasz Piszczek et une conclusion toute de sang froid d’Ivan Perisic, bien lancé par Ilkay Gündogan. compléteront la fête de tir. Pour le plus grand désarroi du gardien colonais Michael Rensing, qui s’est retrouvé complètement seul face à deux ou trois attaquants dortmundois sur les quatre derniers buts, pas sûr qu’il ait payé la tournée à ses défenseurs après le match.
Semaine faste
Ce n’est pas vraiment une surprise : Köln va devoir lutter contre la relégation. Ce n’était pas forcément contre le BVB que les Domstädter devaient faire des points ; par contre, le week-end prochain à Augsburg, la défaite sera interdite sinon la situation va devenir critique. Mon associé est membre et fan du 1. FC Köln mais il refuse toujours obstinément de m’accompagner pour les matchs entre Cologne et Dortmund : après le 5-0 du match aller et le 6-1 du retour, je comprends mieux pourquoi…
Pour Dortmund, c’était une semaine faste avec une qualification pour la finale de la Coupe, cette flamboyante démonstration à Cologne et la prolongation jusqu’en 2016 du contrat du jeune prodige Mario Götze. Cela aurait été encore mieux si le Bayern Munich avait eu la bonne idée d’égarer quelques points contre Hanovre mais on ne va pas faire la fine bouche : avec cinq points d’avance à sept matchs de la fin, le BVB garde la main dans cette fin de saison passionnante.
- FC Köln – Borussia Dortmund 1-6 (1-1).
RheinEnergieStadion, 50’000 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Zwayer.
Buts : 13e Novakovic (1-0), 26e Piszczek (1-1), 47e Kagawa (1-2), 52e Lewandowski (1-3), 78e Gündogan (1-4), 80e Kagawa (1-5), 84e Perisic (1-6).
Köln : Rensing; Brecko, Sereno, Geromel, Eichner (46e Jemal); Clemens, Lanig (82e Pezzoni), Riether, Peszko (77e Ishak); Novakovic, Podolski. Entraîneur: Ståle Solbakken.
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; S. Bender (61e Kehl), Gündogan; Blaszczykowski, Kagawa (81e Leitner), Grosskreutz (73e Perisic); Lewandowski. Entraîneur: Jürgen Klopp.
Carton jaune : 51e Podolski.
Notes : Köln sans Jajalo (suspendu), Chihi, Uth, ni Buchtmann (blessés), Dortmund sans Koch ni Götze (blessés).
Classement (27 matchs) : 1. BVB 62 points 2. Bayern 57 3. Schalke 53 4. Mönchengladbach 51 5. Leverkusen 40 6. Brême 40 7. Stuttgart 39 8. Hanovre 38 9. Wolfsburg 37 10. Hoffenheim 33 11. Nürnberg 31 12. Mainz 30 13. Freiburg 28 14. Köln 28 15. Augsburg 27 16. Hambourg 27 17. Hertha 26 18. Kaiserslautern 20.
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