Wir sind aus Kohle und Stahl. Nous sommes du charbon et de l’acier. C’est l’une des devises du Borussia Dortmund. Nous l’avons mis en pratique samedi dernier : la mine puis l’aciérie étaient au programme. Et la bière pour finir, histoire de compléter la trilogie des trois industries historiques du Ruhrpott.

« Glück auf ! ». Non pas « Guten Morgen », « Guten Tag », « Hallo », « Grüezi », « Salü Zäme », « Tschüss » ou « Auf Wiedersehen ». Non, dans cet endroit, c’est juste Glück auf comme unique forme de salutations. Glück auf, c’est le salut traditionnel des mineurs et l’endroit en question, c’est le Bergbau-Museum : le musée de la mine.

Bochum

C’était à l’occasion du mariage d’un ami qui nous demandait, en guise de cadeau, d’organiser une virée avec l’heureux couple dans un endroit qui nous est cher. Comme l’ami en question est député communiste au parlement régional, quoi de mieux pour un rouge que d’aller visiter une mine et une aciérie, dès lors que je squatte régulièrement le paradis en la matière ? Promesse tenue : nous voici donc dans le Ruhrpott avec mon couple d’amis et leur adorable petite fille âgée de deux ans. L’endroit que j’ai retenu pour aller aus Kohle und Stahl n’est pas Dortmund mais Bochum. Une petite dizaine de minutes de train puis nous embarquons dans la U-Bahn à destination du Schloss Strünkede, là-même où le BVB a remporté son premier trophée, le Westfalenstenmeisterschaft, en 1947. Mais nous n’allons pas jusque-là et nous nous arrêtons dans une banlieue un peu grisâtre et sans charme comme il en existe tant dans la Pott, même sous un généreux soleil printanier. C’est là, au nord de Bochum, que se trouve le musée de la mine, le Bergbau-Museum.

Bergbau-Museum

La première chose que nous apercevons en sortant du U-Bahn, c’est le Fördergerüst : la tour ou le chevalet d’extraction. Il s’agit en fait de l’ancien Fördergerüst de la Zeche Germania à Dortmund-Marten, exploité entre 1944 et 1973, avant d’être relocalisé au Bergbau-Museum. Contrairement à la Zeche Nachtigall, dont je t’ai déjà parlé, il ne s’agit pas de descendre dans une vraie mine : pas besoin de casques et de marcher courbé en deux dans la semi-obscurité au fond des boyaux historiques d’une vraie mine. Il s’agit bien d’un musée et les galeries ont été aménagées pour que les touristes puissent plus ou moins se tenir debout sans risquer des maux de tête pendant trois semaines. L’aspect didactique prime ici sur le caractère historique. Mais c’est très bien réalisé et cela couvre toutes l’activité minière, pas seulement celle du charbon même si c’est bien entendu celle-là qui a prévalu dans le Pott.

Schicht im Schacht

Après les quelques Glück auf d’usage et la contemplation du gros bloc de Kohle qui trône devant l’entrée, on nous demande si nous préférons débuter la visite sous terre ou au ciel. Forcément, nous choisissons la descente aux enfers et nous commençons à nous enfoncer dans le dédale de galeries situées 17 mètres sous la surface du sol.

Le musée retrace toute l’histoire minière. Il y a donc aussi bien les vieux wagonnets antiques, d’abord tirés par les chevaux, puis par des locomotives à air comprimé (il fallait éviter les étincelles au fond de la mine), lorsque l’extraction de la houille se faisait encore essentiellement à la force du bras, que des engins beaucoup plus moderne, tel que les tunneliers qui servent à forer les tunnels ou les machines à percer la roche pour l’introduction des explosifs.

Le clou de la visite, c’est incontestablement le simulateur qui recrée les sensations d’une descente mille mètres sous la terre, dans le Schacht, le puit. Il manque la sensation physique de la descente et les courants d’air mais sinon tout y est : la cage, les vibrations, les flancs de la mine qui défilent à une vitesse infernale sur les murs… La vitesse est vertigineuse et la descente est longue. A deux reprises, nous faisons une halte intermédiaire. Lors de l’une d’elle, l’image d’un mineur sort d’une galerie et nous propose un coup de chnouf, la cigarette du mineur, toujours pour éviter les étincelles. Comme j’en ai complètement fortuitement une ou deux boîtes dans la poche, je peux sacrifier au rituel. Puis la descente reprend et nous parvenons au Schicht im Schacht, le filon au fond de la mine. En sortant de la cage, la première galerie reproduit la température infernale qui régnait jadis dans les profondeurs de la terre. Définitivement, les mecs qui travaillaient là étaient des héros

Steigerlied

On entend retentir le Steigerglied, le chant des mineurs : Glück auf ! Glück auf ! Der Steiger kommt, und er hat sein helles Licht bei der Nacht, und er hat sein helles Licht bei der Nacht schon angezündt, schon angezündt. On finit assez rapidement par s’égarer dans le dédale des galeries, plus ou moins hautes, plus ou moins éclairées. Heureusement qu’il y avait ici ou là des panneaux pour nous indiquer le sens de la visite, sinon nous serions encore en train de chercher la sortie.

Le train-ambulance croisé au détour d’une galerie nous rappelle à quel point ce monde souterrain était dur et meurtrier. Et le musée épargne à ses visiteurs les émanations toxiques qui devaient hanter ces lieux lorsque l’on y extrayait le charbon. Entre accidents et intoxications, l’espérance de vie du mineur n’était pas des plus élevées, même si Heilige Barbara, Sainte-Barbe, la sainte patronne des mineurs, veillait sur eux.

Mais ce sont aussi les rigueurs du métier qui ont développé l’esprit de combativité et de solidarité des Kumpel, les camarades de la mine.

Fördergerüst

Une fois sortis des entrailles de la terre, nous entamons l’ascension du Fördergerüst, l’ancienne tour de la Zeche Germania. La taille gigantesque des roues montre la force qu’il fallait pour extraire les hommes et surtout le charbon du fond du puit, plusieurs centaines de mètres en contrebas.

Et puis la tour offre une vue imprenable sur le Ruhrpott. Je te mentirai en écrivant qu’il s’agit d’un paysage idyllique. L’horizon est bien entendu constellé d’usines électrique, à gaz, à charbon, d’aciéries, d’entrepôts et autres sites industriels. Au loin, à l’est, nous apercevons les tours de la City d’Essen. Un peu plus proche, horrible verrue blanche dans le paysage, l’Arena auf Schalke.

De l’autre côté, encore plus proche, le Ruhrstadion du VfL Bochum où les fans commencent à affluer pour le match contre Holstein Kiel.

Si, à la base, le Ruhrpott présente un paysage désespérément plat, l’activité humaine y a forgé des reliefs, via les terrils de remblais qui parsèment la plaine ici ou là, avec sur l’un la Bismarckturm de Bochum, sur un autre le Tetraeder de Bottrop et ses structures métalliques. Et bien sûr, via les Zeche qui essaiment le cœur industriel de la Ruhr, entre Bochum, Essen, Gelsenkirchen, Herne et Bottrop, sans doute la partie la plus industrialisée du Pott, les deux extrémités, avec Dortmund à l’est et Duisburg à l’ouest sont un peu plus hospitaliers mais la vue ne porte pas aussi loin. On essaie d’apercevoir Dortmund mais c’est juste trop loin, on ne discerne ni le U, ni le Westfalenstadion ni même la Florianturm. Une fois redescendu sur le plancher des vaches, nous terminons par une visite au shop où je déniche une cravate ornée du « Schlägel und Eisen », l’emblème des mineurs, du meilleur effet.

Stahl

Aus Kohle und Stahl. Après le charbon, l’acier donc.

Ce n’était pas innocent si j’ai choisi Bochum pour cette virée car, à trois kilomètres du Bergbau-Museum, se trouve l’un des temple de l’acier: la Jahrhunderthalle. Je t’ai déjà présenté cette gigantesque halle industrielle où Jakob Meyer avait jadis révolutionné le coulage de l’acier et la fonderie des cloches. Comme chaque mois de février, la halle accueille de la Jahrhundertmarkt, le marché historique, époque victorienne.

Ce n’est pas la journée Steampunk : cette fois-ci, pas de déguisements extravagants ni des machines étranges dans les allées. Mais sinon, tout y est : les gigantesques poutrelles d’acier, les kilomètres de tuyauterie sous le toit, les manèges, grandes roues et autres trains fantômes plus que centenaires, un endroit hors du temps. Comme nos aventures sous la terre nos ont un peu creusé, nous dégustons une Currywurst dans un Almhütte.

Que vient faire un Almhütte dans un vieil entrepôt industriel du Pott où il n’y a pas une montagne à des kilomètres à la ronde ? A priori rien mais les Allemands adorent placer des Almhütte partout. On s’offre quelques tours de manège, de montagnes russes et de grande roue dans ce décor complètement surréaliste. Mais je ne vais te refaire la visite encore une fois.

Bier

Auch in schweren Zeiten haben wir keine Wahl. Wir werden immer zu Dir stehen, wir sind aus Kohle und Stahl. Wir sind aus Kohle und Stahl. Aussi dans les temps difficiles nous n’avons pas le choix, nous serons toujours debout à tes côtés, nous sommes du charbon et de l’acier. Nous sommes du charbon et de l’acier. C’est l’une des chansons phares du Borussia Dortmund. Quand j’avais programmé cette virée entre charbon et acier, je n’avais ni prévu, encore moins espéré, que nous serions dans des temps difficiles, à la veille du match contre Leverkusen. Mais finalement, c’est assez bien tombé : nous avons pu mettre la chanson en pratique. Et après le charbon et l’acier, il manquait la troisième industrie historique du Ruhrpott : la bière. J’aime bien la Moritz Fiege, la bière de Bochum mais finalement rien ne vaut nos bonnes vieilles bières dortmundoises. Nous regagnons donc notre Heimat pour terminer cette journée au pays du charbon et de l’acier avec la boisson appropriée, la bière. Glück auf !

 


1 commentaire

Daniel Dietz · 04/11/2019 à 00:34

Gluck auf meine camarade ich arbeitet in Louisenthal une kamphausen in der 80 ger jarren

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