Le BVB a poursuivi sa série victorieuse et s’est offert un nouveau blanchissage en dominant Freiburg 1-0. Mais que ce fut compliqué… A ce niveau-là, on ne peut même plus parler d’Arbeitssieg mais de Malochersieg. Mais enfin, pour reprendre un lieu commun cher aux footballeurs, l’important c’était les trois points !

Après la victoire à Brême, j’avais fait l’éloge de l’Arbeitssieg, la victoire laborieuse. Mais contre Freiburg, ce fut plus que laborieux, une vraie Malochersieg. Le Malocher, c’est la travailleur mais pas n’importe quel travailleur, plutôt l’ouvrier du Ruhrpott, celui qui trime à la mine ou à l’usine. Et je crois que c’est bien de cela qu’il s’est agi samedi contre une coriace équipe de Freiburg : une victoire en trimant, un succès dans la souffrance.

Coronavirusparty

La première victoire du week-end, ce fut déjà que le match ait lieu. Et avec des spectateurs ! J’étais un peu inquiet en voyant la cacophonie régnant autour des matchs de Serie A en Italie ou l’annulation de tout événement rassemblant plus de 1000 spectateurs en Suisse en raison du coronavirus. Nos chers gouvernements n’ont rien fait pour tenter d’enrayer la propagation du virus lorsque celui-ci est apparu en Chine, notamment parce que le concept de frontières est politiquement un peu trop sensible en ce moment. Et maintenant que le virus est là, il faut bien tenter de se dédouaner de sa légèreté et de son inaction auprès de l’opinion publique en prenant des mesures chocs, histoire de montrer qu’on a quand même fait quelque chose. Bien sûr, il n’est pas question d’interdire les restaurants, les transports publics, le ski ou les discothèques, foyers potentiels de contamination bien plus importants qu’un stade de football mais ce n’est pas grave : quand il s’agit de faire une opération de communication à bon compte, c’est souvent le sport qui trinque.

Heureusement, l’Allemagne adopte jusqu’ici une attitude plus mature que l’hystérie suisse, italienne ou française : maintenant que ce virus est là, il s’agit de vivre avec, comme on vit chaque hiver avec la grippe, il ne faudrait pas s’infliger une triple peine en ajoutant à la crise sanitaire, une catastrophe économique et une privation de divertissements. On espère que les Allemands sauront rester sur cette ligne raisonnable dans les semaines à vivre : nous nous apprêtons à vivre une fin de championnat exaltante avec plein de gros matchs à suivre, ce serait dommage qu’elle soit gâchée par des renvois de matchs ou des stades à huis-clos juste pour les campagnes de communication de gouvernements qui n’ont pu su prendre les mesures qui s’imposaient en temps utile. En tous les cas, samedi à Dortmund, le coronavirus semblait bien loin des préoccupations : dès le matin en ville, le rues étaient noires de monde et, trois bonnes heures avant le coup d’envoi. les Biergarten ont commencé à se remplir, comme si de rien n’était. Et sans le moindre masque à l’horizon ! En fait, c’était la plus grande Coronavirusparty de tous les temps, juste des gens qui ont envie de vivre normalement et de continuer à s’amuser, bien loin de ces politiciens qui se calfeutrent derrière leur panique et leurs sondages. Pourvu que cela dure…

Traumtor

Lucien Favre a le goût du risque puisqu’il avait décidé de faire tourner un peu son effectif avec le retour de Julian Brandt pour Erling Haaland. La dernière fois que le Norvégien avait débuté sur le banc, c’était lors de la défaite en Pokal à Brême et cela avait été lourdement reproché à notre entraîneur. Pourtant, on parle d’un jeune homme de 19 ans qui a manqué une partie de la préparation, c’est logique de le laisser souffler de temps à autre, de même qu’il n’est pas inutile de faire tourner un peu l’effectif avec les échéances importantes qui nous attendent. Mais c’est toujours un risque pour un entraîneur : s’il fait tourner et que ça se passe mal, il sera responsable mais il sera aussi critiqué s’il ne fait pas tourner et que l’équipe finit sur les rotules pour les échéances décisives de fin de saison. Dur métier !

Le BVB va toutefois connaître un départ idéal en inscrivant un but magnifique, tant dans sa conception que dans sa réalisation. Le Borussia fait tourner le ballon en défense en attendant l’ouverture vers l’avant. C’est finalement Zagadou qui trouve la verticalité pour Guerreiro, un relais avec Brandt et Thorgan Hazard peut éliminer son défenseur pour servir un caviar à Jadon Sancho, lequel ne laisse pas passer l’occasion. On jouait depuis moins d’un quart d’heure et cela faisait déjà 1-0. Le départ idéal contre un Freiburg venu avant tout pour défendre. On pensait être parti pour une nouvelle fête de tirs, on a dû déchanter.

Laborieux

Car ensuite, le BVB a peiné à se montrer dangereux. Deux frappes non-cadrées de Brandt et Witsel sont à peu près tout ce que nous avons eu à nos mettre sous la pupille avant la pause. Contre une frappe au-dessus de Grifo côté fribourgeois, c’est assez maigre. La deuxième mi-temps a débuté avec des banderoles de protestation et des chants d’insulte envers l’imbuvable Dietmar Hopp, aussitôt réfrénés par le speaker (mais pas Nobby) sous les sifflets du Westfalenstadion.

Et au passage, merci aux fans de Freiburg de s’être associé à nos protestations, alors même que le nouveau président de la DFB est leur ancien président. Cela fait plaisir de voir que ce mouvement de contestation est en train de gagner toutes les tribunes d’Allemagne mais j’aurai l’occasion d’y revenir. On parle de ce qu’il s’est passé en tribunes parce que, sur le terrain, dans des conditions de jeu à nouveau difficiles, avec des trombes d’eau qui se sont abattues par moment sur le Westfalenstadion, c’était toujours aussi pauvre.

Julian Brandt a signé un bon retour et il aurait pu inscrire le 2-0 mais sa frappe a manqué le cadre, juste avant de céder sa place à Erling Haaland. Mais l’entrée en jeu du Norvégien n’a pas vraiment éclairci entre jeu. Nos Jungs ont vraiment livré un match brouillon, ça manquait d’idées, de rythme, de précision, nous n’avons jamais réussi à emballer le match.

La frayeur

Il faut aussi souligner que Freiburg a très bien défendu, ce vieux sorcier de Christian Streich sait mieux que quiconque comment faire déjouer les meilleures équipes d’Allemagne. Les Breisgauer étaient venus, sinon pour poser le bus devant le but, du moins dans un dispositif très prudent. Et l’ouverture du score précoce de Sancho ne les a pas incités à se départir de leur tactique plutôt défensive, sans doute échaudés par la manière dont Köln, Union Berlin et Francfort avaient explosé lors de nos dernières sorties au Westfalenstadion. Mais à l’entrée de la dernière demi-heure, voyant que le BVB n’était pas dans un grand jour, ils ont commencé à s’enhardir et à entrevoir la possibilité de repartir avec un point. Et notre défense, avec le retour d’Akanij pour Hummels sorti à la mi-temps, légèrement touché, a montré quelques signes de fébrilité. C’est tout d’abord Jonathan Schmid qui fait souffler un vent de panique sur le Westfalenstadion avec une frappe enroulée juste à côté. Mais c’est à quinze minutes de la fin qu’est intervenue la grosse frayeur avec ce centre d’Höfler pour Petersen, seul au deuxième poteau : heureusement, Roman Bürki et Lukasz Piszczek sur sa ligne parviennent à sauver miraculeusement. Mais ce n’est pas passé loin !

La semaine de vérité

Achraf Hakimi aurait pu inscrire le but de la délivrance à cinq minutes de la fin mais sa frappe, déviée par un défenseur et le gardien Schwolow, rebondit sur le dessus de la transversale. Il était écrit que nous devions souffrir jusqu’au bout et, effectivement, les dernières minutes ont semblé durer une éternité. Nos Jungs étaient tout sauf sereins, nous avons vraiment souffert jusqu’au coup de sifflets final libérateur de M. Hartmann. Autant la semaine précédente à Brême, les buts avaient mis plus longtemps à tomber mais nous avions eu l’impression que notre équipe avait attendu son heure et maîtrisé son sujet, autant contre Freiburg nous n’avons pas l’impression que nos Jungs maîtrisaient quoique ce soit. Nous avons la chance de marquer sur notre première occasion mais ensuite nous n’avons plus vraiment contrôlé les événements. Et au final, nous nous en sortons avec une victoire un peu chanceuse. Mais c’est peut-être le signe que notre équipe est sur une dynamique positive, avec la réussite qui va avec : en d’autres temps, c’est le genre de performance qui nous aurait fait perdre des plumes. Nous poursuivons donc notre belle série, avec quatre victoires consécutives et un seul but encaissé lors de nos quatre dernières sorties.

C’est bon pour la confiance mais il faudra clairement élever notre niveau de jeu pour la semaine infernale qui nous attend avec, en l’espaces de huit jours, le Topspiel de la Bundesliga à Mönchengladbach, le retour en Ligue des Champions à Paris et le Derby au Westfalenstadion à Paris. Une vraie semaine de vérité, au bout de laquelle nous serons davantage fixés sur les objectifs que notre équipe imprévisible peut atteindre cette saison. Il est clair que nous pouvons tout perdre sur ces trois matchs mais aussi nous ouvrir les portes d’une fin de saison de folie. Et c’est pour vivre des semaines comme celle-là qu’on accompagne notre équipe tout au long de la saison. Auf geht’s Jungs !

Catégories : Au Stade

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