Le Hertha Berlin nous a souvent joué des mauvais tours au Westfalenstadion. Comme en 2013 où le BVB, après un début de saison flamboyant mais décimé par les blessures, s’étaient effondré en novembre et décembre. Nous avions concédé contre l’Alte Dame notre troisième défaite d’affilé en Bundesliga au Westfalenstadion. Et cette fois, l’adversaire n’était pas le Bayern Munich ou le Bayer Leverkusen mais le modeste néo-promu Hertha Berlin. Définitivement, cette fin de premier tour du BVB aura constitué une longue traversée des ruelles sombres et la trêve hivernale arrive comme une libération.

Si j’ai toujours éprouvé une certaine sympathie pour le Borussia Dortmund, mon histoire d’amour avec ce club n’a débuté qu’en 2005, le jour où j’ai mis pour la première fois les pieds au Westfalenstadion. C’était déjà le dernier match avant la trêve, pendant le marché de Noël, et le Borussia s’était déjà incliné 1-2. Comme quoi, l’Histoire est un éternel recommencement. D’ailleurs, j’avais ramené de cette première escapade jaune et noire un maillot floqué Degen que j’avais ressorti samedi pour marquer l’anniversaire. Las, cette nouvelle défaite aura probablement été celle de trop pour ce Trikot collector qui a vu tellement de défaites que je risque de me faire trucider si je me risque à remettre les pieds au Westfalenstadion en l’arborant. Schade.

Et un record de plus…

Sauf qu’à l’époque, en 2005, la défaite n’avait rien de surprenant puisque le BVB n’était qu’un club financièrement exsangue qui squattait le ventre mou du classement, voire pire, aux ambitions forcément limitées. Ce n’était alors ni les résultats ni la qualité de jeu qui m’avaient plu mais bien le stade, l’ambiance et cette ferveur un brin désabusée mais tellement authentique. Pendant des années, la fierté du Borussia, c’était son public et son stade. Puis est arrivée une époque bénie où, en plus du stade et des fans, on pouvait même être fiers de la qualité du jeu et des résultats. Si, si : on allait au Westfalenstadion sans craindre que le match ne plombe l’ambiance mais avec au contraire l’espoir qu’il embrase encore un peu plus le stade. Malheureusement, depuis quelques semaines, on se croirait revenus quelques années en arrière avec des matchs qui nous plongent dans le plus profond désarroi et nous contraignent à chercher quelques motifs de fierté dans les tribunes plutôt que sur le terrain. En l’occurrence, en affichant complet pour ce dernier match de l’année 2013, le Borussia Dortmund établit un record historique : il devient le premier club dans l’Histoire du football à avoir atteint ou dépassé la barre des 80’000 spectateurs pour tous ses matchs de championnat à domicile dans l’année civile. Classe.

Un feu de paille…

Mais c’est tout ce que l’on retiendra de cet après-midi. Pourtant, tout a bien commencé puisque, après deux matchs à domicile sans marquer, le BVB retrouve le chemin de filet lorsque Marco Reus profite d’une ouverture de Sebastian Kehl pour devancer la sortie hasardeuse du jeune Marius Gersbeck, 18 ans, qui fêtait son baptême du feu en Bundesliga. Et qui aura rapidement l’occasion de se racheter en sauvant seul devant un Lewandowski toujours aussi désinvolte et peu concerné. C’était la fin du feu de paille liminaire du BVB, qui a ensuite surtout multiplié les bourdes défensives. Si Roman Weidenfeller a pu sauver devant Adrian Ramos après une passe en retrait ratée de Kevin Grosskreutz, il devra s’incliner sur la reprise du Colombien bien servi par Sami Allagui après un contrôle exécrable d’Erik Durm. Le Borussia boira le calice jusqu’à la lie en fin de première mi-temps avec un invraisemblable cafouillage de Marian Sarr qui permet à Sami Allagui de partir seul battre Weidenfeller.

Sans réaction

Malgré leurs erreurs grossières, je n’ai pas trop envie d’accabler les jeunes Durm (21 ans) et Sarr (18 ans) ; cela reste des gamins qui avaient débuté la saison avec la Nachwuchs en Dritte Liga et qui se retrouvent propulsés titulaires d’une équipe en grande difficulté après une série de blessures. Je suis bien plus courroucé par l’absence de réaction lors d’une seconde période à ranger au musée des horreurs avec une seule occasion d’égaliser, un tir d’Hofmann détourné par le néophyte Gersbeck. Les blessures n’expliquent pas tout : le BVB paraît à bout physiquement et mentalement et se retrouve trahi par le rendement nettement insuffisant de ses stars offensives. Kuba a perdu tout impact physique, Reus est beaucoup trop inconstant, Mkhitaryan, après des débuts prometteurs, n’a aucun rayonnement sur le jeu dortmundois. Quant à Lewandowski, la charité chrétienne m’interdit de commenter ses « performances » actuelles mais il est clair qu’aligner un joueur aussi peu impliqué est un poison pour l’esprit d’équipe qui constituait, il n’y a pas si longtemps, la force des Pöhler. Ajoute à cela un entraîneur qui peine à se réinventer tactiquement et à trouver des solutions dès lors que son équipe, devenue trop prévisible, se retrouve cantonnée dans une possession de balle stérile et statique face à un adversaire qui défend bas et tu auras une idée des difficultés actuelles du Borussia. Il y aura du boulot du côté de Brackel lors d’une pause plus que bienvenue.

Ciel bleu sur Berlin

Ceci dit, il faut aussi donner un peu de crédit au Hertha Berlin qui a parfaitement joué le coup en se montrant opportuniste sur les bourdes adverses et solide en défense autour d’un Fabian Lustenberger impérial. Si l’on en juge leurs performances actuelles en Buli, le Berlinois mériterait cent fois plus d’aller avec la Nati au Brésil qu’un Johan Djourou ou un Timm Klose. Néo-promu, le Hertha débutait la saison en visant le maintien, il boucle son premier tour sur un succès de prestige qui lui permet d’avoir quasiment atteint son but à Noël et de lorgner sur l’Europe au printemps. Certes, le néo-promu berlinois avait déjà réussi une première demi-saison de la même veine il y a deux ans avant de se saborder lorsque le fantasque manager Michael Preetz avait viré l’entraîneur Markus Babbel pour incompatibilité d’humeurs avant d’engager les farces Michael Skibbe et Otto Rehhagel. L’histoire ne devrait pas se répéter dans la capitale : Michael Preetz se tient à carreau et l’entraîneur Jos Luhukay fait l’unanimité en tirant le maximum d’un groupe plutôt limité sur le papier et lui non plus guère épargné par les blessures. L’Alte Dame se prépare donc à un printemps plutôt exaltant.

Dur retour sur terre

En concédant sa troisième défaite d’affilé à domicile, le BVB boucle donc une année 2013 qui aura été celle d’un dur retour sur terre après les émotions grandioses de 2011 et 2012 : entre l’élimination en 1/4 de finale de la Pokal, la défaite en finale de Ligue des Champions, un printemps sans relief en Buli à des années-lumière de la tête du classement et une fin d’automne cataclysmique, les désillusions auront pris le pas sur les quelques rares moments d’exaltation, comme les victoires contre Malaga, le Real ou à Arsenal et Gelsenkirchen. Mais ce n’est pas si grave : plus que tout autre club au monde, le Borussia Dortmund exalte ses défaites et ses échecs, considérés comme autant d’épreuves qui permettent aux supporters d’affirmer à la face du monde une fidélité et une ferveur indéfectibles pour leur club favori.

Tränen, Niederlagen und Freundschaften

Le texte du somptueux tifo à la gloire des pères fondateurs du club pour commémorer les 104 ans du club l’atteste : Erfolgen, Tränen, Triumphen, Niederlagen, Titeln, Freundschaften. Samedi, c’était larmes et défaite ; pour l’amitié, c’était moins évident car j’ai été un aussi piètre ami que guide. J’avais promis un bon match, une victoire et donné rendez-vous à une dizaine de personnes venues du Canton de Vaud pour fêter la victoire dans un Biergarten, j’ai planté tout le monde de dépit après le match. J’ai même été tenté d’accepter la proposition de ma compagne d’infortune d’aller nous pendre avec nos écharpes au toit du stade, proposition qui, sur le moment, me paraissait presque aussi séduisante que la tentatrice. Finalement, on a renoncé au projet en raison des difficultés logistiques que présentait l’escalade du stade et on a même fini par revenir à des meilleurs sentiments. Si bien qu’entre deux soirées animées au Bierkönig, les Glühweine du Weinhachtsmarkt, l’apéro des Borussenstern, le tifo et les tournées de Maracuja avec les Suisses-Allemands au Lütge-Eck, nos visiteurs du jour, que je salue ici, auront passé un bon week-end, je crois. Même si, comme lors de la traversée des ruelles sombres du milieu des années 2000, ce qui s’est passé sur le terrain du Borussia Dortmund est venu un brin ternir la belle atmosphère ambiante. Mais on reste convaincus que, comme toujours, am Ende der dunklen Gasse erstrahlt die gelbe Wand.    

Borussia Dortmund – Hertha BSC Berlin 1-2 (1-2).

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).

Arbitre : M. Gagelmann.

But : 7e Reus (1-0), 23e Ramos (1-1), 45e Allagui (1-2).

Dortmund: Weidenfeller ; Grosskreutz, Papastathopoulos, Sarr (46e Piszczek) Durm; Kehl (77e Schieber), Sahin; Blaszczykowski (56e Hofmann), Mkhitaryan, Reus; Lewandowski. Entraîneur: Jürgen Klopp.

Hertha: Gersbeck; Ndjeng, Lustenberger, Kobiashvili, Pekarik; Hosogai; Allagui, Skjelbred  (69e Niemeyer), Cigerci (90e Janker), N. Schulz; Ramos (78e Wagner). Entraîneur: Jos Luhukay.

Cartons jaunes: 45e Sarr, 50e Cigerci, 67e Kobiashvili, 82e Hosogai, 92e Sahin.

Notes: Dortmund sans Hummels, Subotic, Schmelzer, Bender ni Gündogan (blessés), Hertha privé de Kraft, Burchert,  Holland, Langkamp, van den Bergh, Baumjohann ni Ben-Hatira (blessés).

Classement(17 matchs): 1. Bayern 44 (16 matchs) 2. Leverkusen 37 3. Mönchengladbach 33 4. BVB 32 5. Wolfsburg 30 6. Hertha 28 7. Schalke 28 8. Augsburg 24 9. Mainz 24 10. Stuttgart 19 (16 matchs) 11. Brême 19 12. Hoffenheim 18 13. Hanovre 18 14. Hambourg 16 15. Francfort 15 16. Freiburg 14 17. Nürnberg 11 18. Braunschweig 11.

Catégories : Au StadeRetro

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