La folle histoire d’amour entre le Borussia Dortmund et Jürgen Klopp débute dans les années de galère suivant la quasi faillite du club en 2005. Contraints de jongler avec un budget très restreint, le directeur général Hans-Joachim Watzke et le directeur sportif Michael Zorc décident alors de tenter le pari un peu fou de confier leur première équipe à un entraîneur peu connu mais un peu fou venu de Zweite Liga : Jürgen Klopp !
Après la victoire en Ligue des Champions en 1997 et le Meisterschale en 2002, le Borussia Dortmund du président Gerd Niebaum et du manager Michael Meier a alors l’ambition, la prétention, la folie, de s’imposer comme la première puissance du football allemand aux côtés du Bayern Munich. Une erreur presque fatale. Des transferts onéreux, la chute des droits TV et deux qualifications manquées de suite pour la Königsklasse entraînent le club vers les abîmes. En 2005, la dette s’élève à 240 millions d’euro. « Nous étions dans les locaux du club et nous ne savions pas si le lendemain nous aurions toujours un job, raconte le héros de la finale de Pokal 1989 et speaker du club Norbert « Nobby » Dickel. C’était une période affreuse. » Déjà présent dans l’effectif, notre futur capitaine Sebastian Kehl confirme : « Dortmund est une ville qui vit pour son club, qui vit à l’extrême pour son club. Les chauffeurs de taxi, les boulangers, les hôteliers – tous avaient peur pour son existence. Et nous-mêmes joueurs nous ne savions si, à la fin, cela ne jouerait peut-être aucun rôle si nous gagnions ou perdions le match du week-end. »
L’ancien trésorier du club, Hans-Joachim Watzke, est alors appelé à la rescousse pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être, aux côtés du directeur sportif Michael Zorc, légende du club. Restait à trouver un entraîneur pour relancer un club à l’agonie. Ni le Hollandais Bert van Marwijk, ni les Allemands Jürgen Röber et Thomas Doll ne parviendront à sortir le club des tréfonds du classement. Les deux nouveaux hommes forts du club décident alors de tenter un pari un peu fou : « Le directeur sportif Michael Zorc et moi avions alors décidé de construire une équipe jeune, se souvient Aki. Marcel Schmelzer était déjà là, Kevin Großkreutz arrivera peu après. Nous voulions aussi jouer un autre type de football. Sous Bert van Marwijk et Thomas Doll le ballon tournait et tournait sans arrêt devant la défense. Nous avions 57% de possession du ballon mais il manquait l’action. On ne peut pas jouer ainsi à Dortmund. Nous voulions offrir aux gens une équipe qui courait jusqu’à l’épuisement. Ce jeu, nous l’avions vu à Mainz où nous avions joué les années précédentes. On avait toujours le sentiment qu’ils n’étaient pas particulièrement bons. En revanche, ils savaient se faire mal et parfois ils gagnaient ainsi. Parce qu’ils avaient une mentalité de tueurs. Et ils étaient très bien organisés tactiquement. Cela devait venir de l’entraîneur. Aujourd’hui, ce serait très difficile de faire venir à Dortmund un entraîneur de deuxième division. A l’époque nous l’avions fait ( n.d.l.r. Jürgen Klopp a amené Mainz pour la première fois de son histoire en Bundesliga en 2005 mais il a été relégué en 2007 et a échoué de justesse à ramener le Karnevalsverein en Buli en 2008, juste avant son départ à Dortmund) »
Hans-Joachim Watzke se renseigne alors auprès du manager du FSV Mainz, Christian Heidel, aujourd’hui à Schalke. Celui-ci raconte : « Watzke m’appelle et me demande si nous pouvons aller prendre un café. Je ne savais pas encore pourquoi nous nous sommes assis ensemble. La discussion est rapidement venue sur Jürgen. Watzke me demande s’il pourrait faire un entraîneur de Bundesliga, sans explicitement mentionner Dortmund. Je lui réponds : Il peut entraîner n’importe quel club du monde. Parce qu’il a un avantage sur tous les autres : il est intelligent. Et s’il va dans un grand club, il saura s’adapter. Si vous cherchez un costume et une cravate, il vaut mieux ne pas engager Jürgen Klopp. Si vous voulez un super entraîneur, prenez-le ! »
Le BVB était encore hésitant, Watzke a rappelé de nombreuses fois Heidel qui n’a eu de cesse de recommander son ami et entraîneur : « Faites-le, faites-le. Vous ne regretterez jamais le jour où vous aurez signé un contrat avec Klopp ! ».
Adaptation libre de « Ich mag, wenn’s kracht » Jürgen Klopp. Die Biographie. De Raphael Honigstein, éd. Ullstein extra, 2017.
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