Ces présentations de la Bundesliga 2016-2017 ne seraient pas complètes sans le « geilste Klub der Welt ». Voici donc le portrait, forcément succinct et pas complètement objectif, du Borussia Dortmund.

Le club (Ewige Tabelle : 3)

Nous n’allons pas décrire ici toute l’Histoire plus que centenaire du Borussia Dortmund, ce sera au cœur de notre site. Ce qui fait la spécificité de notre cher BVB, c’est que son histoire n’est pas qu’une success story linéaire mais que notre légende s’est forgée aussi bien dans la victoire que dans la défaite et que notre histoire a connu de grands triomphes mais aussi des désillusions terribles, à l’image de la région qui l’a vu naître, marquée par de graves crises sociales et économique. Or, contrairement à la tendance des grands de la planète football actuelle, qui tentent d’attirer de nouveaux clients en vantant une trajectoire faite uniquement de gloire et de succès, le Borussia Dortmund n’a pas peur d’assumer sa part d’ombre et même d’en tirer son principal motif de fierté. La Zweite Liga, la faillite, les défaites, les retours glauques après une défaite honteuse dans un petit stade champêtre, les luttes contre la relégation, sont vues comme autant d’épreuves qui ont permis d’éprouver la foi et la passion des supporters. Et à chaque fois celles-ci ont triomphé pour permettre à notre BVB de renaître, tel le Phénix, de ses cendres. C’est pourquoi aujourd’hui il y a une grande méfiance et défiance vis-à-vis de ces nouveaux clubs qui poussent comme de champignons et ne parlent que d’argent, de succès et de Ligue des Champions, mais aussi de tous ces nouveaux fans qui ne rêvent que de gloire et de transferts spectaculaires sans être prêts à assumer aussi la face plus sombre de notre histoire.

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© Julien Mouquin / Génération WS

Perspectives

Le BVB a réalisé cet été la campagne de transfert la plus onéreuse de toute l’histoire de la Bundesliga, sans pourtant débourser un centime puisque les nouvelles arrivées ont été entièrement financées par le départ des trois joueurs-clés qu’étaient Hummels, Gündogan et Mkhitaryan. Pourtant, ce mercato spectaculaire ne constitue en aucun cas une garantie de succès. Tous les nouveaux venus sont des paris audacieux, soit parce qu’ils sortent d’une ou plusieurs saisons compliquées avec un temps de jeu réduit (Götze, Schürrle, Bartra, Rode), soit parce qu’ils débarquent de championnat d’un niveau très inférieur et ont tout à prouver en Bundesliga (Dembelé, Mor, Merino). Si les premiers signaux sont encourageants (surtout pour Rode et Schürrle), le Borussia débute la saison avec plus de questions que de certitudes. Il faudra remplacer les partants, surtout en défense où la capacité de Ginter et Bartra à faire oublier Hummels, demeure une énigme, et intégrer les nouveaux. Il est clair qu’avec un contingent désormais pléthorique, il faudra du temps pour trouver la bonne formule et mettre en place des automatismes.

En outre, le club s’est séparé de plusieurs figures historiques et les nouveaux venus évoluent presque tous dans le même registre, vifs, techniques, rapides mais pas forcément des monstres physiques prêts pour les combats de la Bundesliga. L’an passé, ce manque d’équilibre nous a parfois coûté cher (Darmstadt, Köln, Liverpool…), lorsqu’il s’est agi d’aller au combat dans des fins de match furieuses et il n’est pas certain que notre mercato ait comblé ces manques. Or, tout le monde sait que le Bundesliga ne se gagne pas dans des matchs de gala au sommet de début de saison mais bien dans la capacité à ne pas perdre de points dans des batailles de novembre ou février contre des mal-classés qui luttent sur chaque ballon dans des ambiances survoltées par la perspective d’accrocher le grand BVB et ses 110M € de transferts. On peut également s’interroger sur l’absence d’un attaquant capable d’évoluer dans un registre différent et d’apporter d’autres solutions qu’Aubameyang et Ramos, surtout quand notre Gabonais s’en ira disputer la Coupe d’Afrique dans son pays en plein championnat. Il est donc plus que prématuré de parler titre, défi au Bayern ou Ligue des Champions. Il faudra d’abord que ce nouveau BVB prouve qu’il dispose toujours d’une certaine marge sur une concurrence ambitieuse, Leverkusen, Schalke, Gladbach ou Wolfsburg. Dans ce contexte, les objectifs annoncés officiellement paraissent raisonnables : une place sur le podium en championnat et passer la phase de groupe en Königsklasse. Ensuite, si la mayonnaise prend, on verra s’il y a moyen d’espérer un peu plus.

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Transferts

Départs : Leitner (Lazio), Blaszczykowski (Wolfsburg), Mkhitaryan (Manchester United), Gündogan (Manchester City), Hummels (Bayern), Ducksch (St. Pauli), Bandowski (Bochum).

Arrivées: Schürrle (Wolfsburg), Götze et Rode (Bayern), Guerreiro (Lorient), Mor (Nordsjaelland), Bartra (Barcelone), Dembelé (Rennes), Merino (Osasuna).

Pronostic : 2ème

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Le stade : Signal Iduna Park (81’360 places)

On ne présente plus notre cher Westfalenstadion ! Et j’insiste : si notre club a dû céder, pour une question de survie au plus fort des problèmes financiers, à la pratique du naming, aucun fan digne de ce nom ne nommera son stade chéri autrement que Westfalenstadion, éventuellement Heimat ou Tempel. Parle de « Signal Iduna », tu seras forcément considéré comme Modefans et méprisé en conséquence. Avec sa plus grande tribune place debout du monde, deux fois et demie la hauteur du kop d’Anfield, notre Westfalenstadion a été élu à plusieurs reprises « meilleur stade du monde », notamment par des médias anglais. Et c’est toujours une grande fierté pour les Allemands que l’éternel rival de le perfide Albion reconnaisse une quelconque supériorité germanique en matière de football. En 2009, le Times de Londres écrivait « ce stade, fait pour les fans, est tellement supérieur aux autres, qu’on devrait y disputer toutes les finales de Ligue des Champions ». Faut-il en rajouter ? Si tu as un doute, prends ta carte de membre, trouve-toi un fanclub, achète toi un package Adrenalin Trip ou attends une hypothétique vente libre (les seuls moyens respectables d’obtenir un ticket) et viens constater par toi-même !

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L’ambiance

J’aurai adoré écrire que l’ambiance du Westfalenstadion est la meilleurs d’Allemagne, d’Europe, du Monde et de l’Univers. Il y a quelques années en arrière, je l’aurais écrit sans hésiter et sans travestir la réalité. Ce n’est malheureusement plus tout à fait le cas. Après avoir échappé de justesse à la faillite en 2005, le BVB a vécu une longue traversée du désert loin des sommets, des Coupes d’Europe et de l’intérêt médiatique. Or, dans cette période de vaches maigres, un noyau dur s’est formé autour de son équipe, juste pour l’amour du maillot (même en luttant contre la relégation, jamais moins de 73’000 spectateurs de moyenne). Cela ne rigolait pas tous les jours, l’ambiance était parfois (souvent) plombée par des résultats médiocres et un niveau de jeu désolant. Mais nous étions au cœur de l’Echte Liebe et il suffisait du moindre frémissement, trois passes réussies de suite, un tacle salvateur, une victoire probante, pour mettre le feu au stade. Alors quand, contre toute attente, le frémissement est devenu ouragan, entre 2010 et 2012, avec un entraîneur charismatique, une équipe de garnements inconnus entourés de quelques légendes restées fidèles dans la difficulté, auxquels nous nous identifions totalement, le stade a basculé dans une douce folie. Probablement que nous ne revivrons jamais l’exaltation qui a régné au Westfalenstadion pendant ces deux saisons de grâce, chaque match résonnant comme un exutoire après des années de frustration pour les 70’000 fidèles qui avaient traversé toutes ces années de misère sans jamais remettre leur foi et leur passion en question. « Si nous vivons cinq moments comme ceux-là dans notre vie, nous pourrons mourir heureux, et peut-être moins que cinq peuvent suffire », déclarait Jürgen Klopp après la Meisterfeier 2011 et ses 450’000 fans en liesse dans les rues. On te rassure, Kloppo : nous en avons vécu bien plus que cinq…

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Les choses ont commencé à sa gâter avec la campagne de Ligue des Champions 2012-2013. Le BVB est revenu sur le devant de la scène et est devenu, bien malgré lui, la hype du moment, l’endroit où tout le monde voulait aller. En soi, c’est bien que le club puisse se trouver de nouveaux fans, avant que les vieux nostalgiques dans mon genre ne se soient complètement fossilisés sur leur siège. On a tous vécu un jour notre premier Westfalenstadion et on n’a pas tous un papa qui nous a amené en Südtribüne dès notre plus jeune âge. Et parmi les rookies, il y en a qui se sont parfaitement coulés dans le moule, ont intégré les valeurs du club et dont la ferveur n’a rien à envier à la vieille garde. Mais il y a les autres, les Modefans, biberonnés aux fastes de la Ligue des Champions, ces « fans de Barcelone, Liverpool et Dortmund », qui voient les clubs comme des marques commerciales et abusent de l’Echte Liebe comme un Just do it sans chercher à comprendre ce qu’il y a derrière, qui ne veulent voir que les affiches de prestige, jugent les joueurs davantage pour leurs stats sur FIFA et leur somme de transfert que sur leurs qualités humaines et leur amour du maillot, réclament des trophées tout de suite… Depuis 2012/2013, ceux-là ont envahi les travées du Westfalenstadion, généralement avec des billets rachetés illégalement à des prix démentiels sur internet, et l’ambiance s’en est considérablement ressentie. Attention, cela reste bien supérieur à ce que l’on trouve dans la plupart des stades d’Allemagne et d’Europe mais la magie a un peu disparu. C’est plus intermittent, le public est plus impatient, plus exigeant, et c’est beaucoup plus difficile de faire bouger tout un stade quand celui-ci est noyauté par des milliers de touristes qui ne connaissent pas les chants et passent les trois quarts du match à prendre des selfies et à envoyer des messages au monde entier pour expliquer à quel point « c’est super le Signal Iduna ». Lors de nos matchs les plus importants du printemps, contre Bayern et Liverpool, le stade était tellement envahi de touristes que le BVB n’a absolument pas pu compter sur le soutien de son douzième homme. Il faut se rabattre sur des affiches moins prestigieuses, on l’a vu contre Brême ou Hoffenheim, pour retrouver la magie d’antan et un Westfalenstadion en symbiose avec son équipe pour la pousser à renverser une situation compromise. Dès lors, aujourd’hui, tous les fans réclament de leur club des mesures beaucoup plus radicales contre le fléau des reventes illégales de billets pour être à nouveau complètement fiers de l’ambiance de leur Westfalenstadion.

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Biergarten

Le Westfalenstadion est le stade de Bundesliga le mieux pourvu en Biergarten ! Il y a peut-être Dresde et Hanovre qui pourraient rivaliser mais ils jouent en Zweite Liga donc nous pouvons, en toute objectivité, nous attribuer le titre de Biergartenmeister ! Cela méritera donc un article détaillé à paraître…

Julien Mouquin.

Catégories : Nos Portraits

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