Le 1. FC Köln est bel et bien sur le chemin de la rédemption. Ce monument du football allemand semble avoir laissé derrière lui les années de défaites, de relégations et de chaos, à tel point qu’il ose même énoncer, pour la première fois depuis très longtemps, des ambitions européennes. Viva Colonia !


Lire aussi : Bundesliga 2016-2017 – Hamburger SV


Le club (Ewige Tabelle : 9)

Même s’il n’a été créé qu’en 1948, le 1. FC Köln fait partie de grandes Traditionsverein allemandes. Le Effzeh s’est rapidement hissé parmi les grands clubs du pays avec trois titres, quatre Pokal et il n’a pas été loin de devenir champion d’Europe en 1979 avec une défaite de justesse en demi-finale contre le futur vainqueur, Nottingham Forest. Les duels des Geissböcke (boucs) avec le rival de toujours Mönchengladbach dans les années 1970 et, dans une moindre mesure, avec le Bayern dans les années 1980, ont marqué l’histoire du foot allemand, auquel le FC a fourni plusieurs de ses légendes, Wolfgang Overath, Dieter Müller, Harald Schumacher, Jürgen Kohler, Bodo Illgner, Thomas Hässler, Pierre Littbarski ou, plus récemment, Lukas Podolski. Sauf que les Domstädter se sont perdus pendant une vingtaine d’année. Le président Overath, malgré son formidable passé de joueur, s’est un peu incrusté à son poste et était déphasé avec les réalités du football moderne, surtout qu’il s’est souvent entouré de managers incompétents, comme notre vieille connaissance Michael Meier, le même qui nous a amené à la Ligue des Champions, mais aussi aux portes de la faillite.

Résultat : cinq relégations en quinze ans, des problèmes financiers, des recrutements aberrants, des changements incessants d’entraîneurs et des joueurs qui faisaient honte au maillot qu’ils portaient. Les fans étaient tellement excédés que le climat est parfois devenu quasi-insurrectionnel à Cologne : menaces physiques au domicile d’un joueur, guet-apens tendu au car de l’équipe de retour après une défaite à l’extérieur ou terrain brûlé après la relégation… La dernière chute en Zweite Liga, en 2012, marque un nouveau départ  avec un businessman à la présidence pour assurer la crédibilité financière du projet et la légende Toni Schumacher à la vice-présidence pour assurer la caution historique. Mais le coup de génie des Geissböcke, c’est avoir débauché Jörg Schmadtke, l’un des meilleurs directeurs sportifs d’Allemagne, qui avait amené Hanovre en Coupe d’Europe. Depuis, Köln renaît avec un retour en Bundesliga en 2014 et deux maintiens assurés facilement, la 9ème place de l’an passé constituant le meilleur classement du FC depuis… 1992.

© Julien Mouquin / Génération WS

© Julien Mouquin / Génération WS

Perspectives

En refusant une offre très lucrative de Barcelone pour viser l’Europe avec son club de cœur, le latéral international Jonas Hector a donné un signal fort. Comme les autres joueurs clés, comme le gardien Horn, le défenseur Heintz ou le buteur Modeste, sont également restés, Köln n’a perdu aucun joueur majeur durant l’été. Mieux, il sort renforcé du mercato grâce au savoir-faire reconnu de Schmadtke qui est allé chercher le buteur letton Rudnevs (en fin de contrat et donc gratuit), le joueur de couloir Rausch (l’un des meilleurs pieds gauches d’Allemagne, renaissant à Darmstadt après une longue blessure), l’espoir français Guirassy ou le besogneux Höger (qui avait fait très mal au BVB dans un Revierderby il y a quelques années). Avec quelques éléments d’expérience comme Maroh, Risse, Lehmann ou nos anciens dortmundois Jojic et Bittencourt, le contingent du Effzeh ne manque pas d’allure. Reste à savoir si l’entraîneur Peter Stöger parviendra à le sublimer. En poste depuis 2013 (un exploit dans un club longtemps instable), l’Autrichien a ramené rigueur et discipline à Geissböckheim, mais il lui manque peut-être ce petit grain de folie, de charisme et d’ambition pour amener son équipe encore plus haut. L’an passé, Cologne avait sans doute autant voire davantage les moyens d’aller chercher l’Europe que Mainz ou Berlin. Mais, capable de faire déjouer les meilleurs, il a perdu trop de points à domicile contre les mal-classées par manque d’ambition dans son jeu. S’il parvient à corriger ce point, alors Köln sera un client pour une place européenne, la première depuis une coupe intertoto en 1998.

© Julien Mouquin / Génération WS

© Julien Mouquin / Génération WS

Transferts

Départs : Messenhöler et Hosiner (Union Berlin), Vogt (Hoffenheim), Gerhardt (Wolfsburg), Svento (Slavia Prague), Exslager (Magdeburg)

Arrivées : Rudnevs (Hambourg), Rausch (Darmstadt), Guirassy (Lille), Höger (Schalke)

Pronostic : 7ème

© Julien Mouquin / Génération WS

© Julien Mouquin / Génération WS

Le stade : Rheinenergiestadion (49’968 places).

Stade carré à l’anglaise, reconstruit sur le site de l’ancien stade, le Müngersdorf fait incontestablement partie des meilleurs d’Allemagne. Les tribunes sont extrêmement raides et la Südkurve, en place debout, est l’une des plus bouillantes du pays. C’est vraiment un stade construit pour les fans, tout en restant fonctionnel, malgré un temps d’attente démesurément long aux buvettes. Surtout qu’il peut faire vite soif au Müngersdorf dont le toit en verre, tout esthétique fut-il, prend des allures de serre par temps de canicule.

© Julien Mouquin / Génération WS

© Julien Mouquin / Génération WS

L’ambiance

C’est l’une des meilleures ambiances d’Allemagne. Bien sûr, le comportement peu professionnel des joueurs des saisons précédentes a provoqué certaines cassures avec les fans, mais l’affluence n’est que rarement descendue au-dessous des 40’000 fans, même dans les affres de la Zweite Liga. Et depuis le renouveau du club, le Müngersdorf vibre à nouveau à l’unisson avec ses Geissböcke et sa célèbre mascotte Hennes VIII (qui porte bien plus chance que son prédécesseur Hennes VII, qui a vu plusieurs relégations, mais a clamsé juste avant la promotion en 2008). L’hymne du club, « Mer ston zo dir, FC Kölle » avec près de 50’000 écharpes qui se tendent puis s’agitent est le plus beau de Bundesliga (je ne dis pas d’Allemagne parce qu’il y a match avec le « Eisern Union » d’Union Berlin). Et le Torhymne, le « Kölle Alaaf » du carnaval, vaut également le déplacement. S’ils sont parfois trop turbulents, les ultras locaux sont parmi les plus actifs du pays, avec de très fréquents et superbes tifos. D’ailleurs, le principal groupe ultra, les Boyz du FC est jumelé avec la section ultra Dedperados du BVB. Et l’amitié va au-delà : lors du Westderby BVB – Köln, il n’est pas rare de croiser des fans arborant une écharpe « Tradition verbindet » (la tradition réunie) aux couleurs des deux clubs. Cette amitié a connu son point culminant lors du Meisterspiel 2011 BVB – Nünrberg lorsque Köln avait offert le titre au BVB en battant son rival méprisé et riche de la banlieue, Leverkusen. Ce jour-là, les « erst Fussball FC Köln » du Westfalenstadion (également entonnés contre Mönchengladbach) résonnaient avec les « Nur der BVB » du Müngersdorf. Ceci dit, lors du Westderby, une fois le match commencé, il n’y a plus d’amitié qui tienne et cela débouche toujours sur des matchs acharnés.

© Julien Mouquin / Génération WS

© Julien Mouquin / Génération WS

Biergarten

Les Biergarten du Müngersdorf ne se trouvent pas directement autour du stade, mais à l’arrêt de tram précédent, l’Alter Millitärring, au bout de l’interminable et chaotique trajet le long de l’Aachener Strasse. De chaque côté de la rue, des milliers de fans se pressent pour sacrifier au rituel de la mythique Kölsch, même si c’est sa version la plus insipide, la Gaffel qui est servie au stade et dans ses alentours. À part le foot, Cologne est l’une des plus belles villes d’Allemagne et aussi l’une des plus festives, avec son trépidant Ring. Sans doute le déplacement le plus sympa de la saison.

Julien Mouquin

Catégories : Nos Portraits

2 commentaires

Thibaut · 29/08/2016 à 08:40

Chouette article, en revanche si je peux me permettre deux petites corrections : bien que les Dortmunder soient amis avec les Boyz, le groupe principal de Koln c’est la Wilde Horde.

Et concernant les transferts, il y a tout de même Gerhardt qui est parti, ce qui est la plus grosse perte du mercato vu le potentiel du bonhomme et malgré ses blessures a répétition.

    Julien Mouquin · 29/08/2016 à 10:28

    Merci pour la précision.
    Concernant Gerhardt, si j’ai écrit que ce n’est pas une grosse perte, c’est par rapport à son peu de temps de jeu la saison passée. Mais c’est sûr que c’est un regret, il y a 2-3 ans il était présenté comme la future star emblématique du club, c’est dommage qu’il ait été freiné par les blessures mais je pense que c’était la bonne solution d’aller tenter de se relancer ailleurs.

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *