Huit ans avant le RB Leipzig, un autre club complètement artificiel né des délires mégalomaniaques d’un milliardaire débarquait en Bundesliga, provoquant la colère des fans de toute l’Allemagne : Hoffenheim. L’intrus est toujours là et ce ne devrait pas être cette saison que l’on va s’en débarrasser.


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Le club (Ewige Tabelle : 27)

Hoffenheim a été fondé en 1899 mais c’était alors un club de… gymnastique. Puis, quand il s’est mis à la pratique le football, un club de Kreisliga, Verbandsliga ou Bezirksliga, soit d’obscures ligues régionales, jouant devant quelques dizaines de spectateurs. Mais un jour, Dietmar Hopp, fondateur et patron du géant informatique SAP, décide de faire du club de village (3200 habitants), où il y avait effectué sa très modeste carrière de joueur, un club de Bundesliga. Hoppenheim atteint pour la première fois l’Oberliga (5ème division mais alors 4ème) en 2000, avec 600 spectateurs de moyenne. Huit ans et 250 millions d’investissements plus tard, les Kraichgauer débarquent en Bundesliga, avec notamment une accession directe de 3ème en 1ère division en seulement deux saisons ! Cette ascension complètement artificielle a provoqué une immense vague de protestation et de rejet dans un pays de football très attaché à ses traditions. Pourtant, depuis, Hoffenheim s’est bien établi en Bundesliga où il continue néanmoins d’être détesté de tous. Le club n’a jamais atteint la Coupe d’Europe et enchaîne les saisons anonymes, quand il n’est pas menacé de relégation, comme en 2013 où un nul lors de la dernière journée au Westfalenstadion aurait suffi au BVB pour renvoyer l’intrus en Zweite Liga (le match où Kevin Grosskreutz a fini au but…). Ou comme l’an passé où Hoffenheim a longtemps squatté les dernières places avant de se sauver sur la fin. Il faut dire que, si Hoffe reste largement dépendant de son mécène, Dietmar Hopp a réduit ses largesses pour tenter d’en faire un club capable de s’autofinancer. Et il faut reconnaître que le celui-ci s’est bien structuré, avec notamment l’un des meilleurs secteurs de formation du pays, auréolé de plusieurs titres nationaux en juniors. Mais il restera à tout jamais comme le coup de folie mégalomaniaque d’un seul homme.

© Julien Mouquin / Génération WS

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Perspectives

Hoffenheim a perdu durant l’été son capitaine emblématique Kevin Volland. Mais celui-ci devrait pouvoir être remplacé par Sandro Wagner, lequel reste sur une saison de feu à Darmstadt. Le contingent des Kraichgauer devrait leur permettre d’éviter les mêmes tourments que l’an passé où ils avaient longtemps flirté avec la relégation. Le gardien Baumann est une valeur sûre, alors qu’en défense l’international suisse Schär, après une première saison difficile en Buli, va tenter d’enchaîner après un Euro impérial (aucun but encaissé), aux côtés des espoirs Süle et Toljan, brillants aux JO, ou de l’espoir tchèque Kadebarek. A mi-terrain, il y a du muscle avec le nouveau capitaine Polanski ou Vogt, et du talent avec Schwegler, le Français Schmid, ou Rupp, auteur d’une bonne saison 2015-2016 à Stuttgart. Enfin, devant, autour de Wagner, de l’international croate Kramaric, du héros chilien de la Copa America 2015 Vargas, de l’Allemand Uth ou du Hongrois Szalai, relancé après un Euro convaincant, il y a de quoi faire. L’effectif a de l’allure, le problème, ce sera comme d’habitude, de motiver les troupes dans un club sans âme et dans un environnement un peu glauque. Ce sera le travail de l’entraîneur junior Julian Nagelsmann (30 ans !), lequel a réussi des débuts convaincants ce printemps en parvenant à assurer un maintien qui semblait un moment bien compromis. Dès lors, on peut imaginer qu’Hoffenheim devrait cette saison faire beaucoup mieux que sa 15ème place de l’an passé et qu’il faudra encore se coltiner ce boulet quelques années de plus.

© Julien Mouquin / Génération WS

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Transferts

Départs : Colak (Darmstadt), Canouse (Bochum), Joelinton (Rapid Vienne), Schwäbe (Dresde), Volland (Leverkusen), Herdling (retraite), Strobl (Mönchengladbach), Gimber (Sandhausen), Kuranyi (?), Grahl (Stuttgart)

Arrivées : Demirbay (Hambourg), Wagner (Darmstadt), Rupp (Stuttgart), Vogt (Stuttgart), Mees (Freiburg), Hübner (Ingolstadt), Kobel (GC Zurich), Terrazzino (Bochum), Szalai (Hannovre)

Pronostic : 10ème

© Julien Mouquin / Génération WS

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Le stade : Wirsol Rhein-Neckar-Arena (30’150 places)

Dietmar Hopp a offert deux stades à son jouet. Il y a d’abord eu le Dietmar-Hopp-Stadion, sis au bord d’une forêt sur les hauteurs du village d’Hoffenheim, mais, même s’il n’affichait que rarement complet en 2. Liga, avec ses 6’350 places, il s’avérait trop exigu pour la Bundesliga. Du coup, une nouvelle enceinte a été bâtie comme un champignon dans la ville voisine de Sinsheim (35’000 habitants). Il s’agit d’une Arena impersonnelle et aseptisée, posée entre une zone industrielle, une autoroute et la principale attraction locale, un musée de l’aviation. L’une des tribunes est essentiellement réservée à des loges permettant au big boss d’inviter ses clients pour leur présenter son nouveau jouet. Bref, ce n’est clairement pas un stade qui fait rêver.

© Julien Mouquin / Génération WS

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L’ambiance

C’est la plus faible ambiance de Bundesliga. Les seules fois où il y a un peu de bruit, c’est lorsqu’un sponsor distribue des Klatschpappen, mais sinon c’est le néant. Il faut attendre un but pour voir un peu d’animation avec la petite musique aigrelette qui célèbre chaque réussite des Kraichgauer, même si l’un de nos rédacteurs, dont je tairai le nom, le considère comme l’un des meilleurs Torhymne de Bundesliga. Il y a quelques années au Westfalenstadion, nous avions failli nous étrangler de rire en croisant de vieux bikers arborant les fameuses vestes en jean du football allemand, presque vierges d’écussons sous le slogan « Hoffenheimer Legion ». Sauf que depuis, les légions se sont bien réduites ; au début, situé entre trois grandes villes actuellement dépourvues de clubs de pointe, Mannheim, Heidelberg et Heilbronn, Hoffenheim a attiré des nouveaux fans, mais depuis l’attrait de la nouveauté ne fonctionne plus et il n’y a guère que les grands clubs venus avec de nombreux fans qui parviennent à remplir l’artificielle Rhein-Neckar-Arena.

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© Julien Mouquin / Génération WS

Biergarten

Il n’y a strictement rien autour du stade. Pour trouver un Biergarten, il faut aller en direction de l’arrêt de train, de l’autre côté de l’autoroute et du musée de l’aviation. On y mange d’excellentes saucisses avec une vue sur un Concorde et un Tupolev, en fait le meilleur moment d’un déplacement à Sinsheim.

 Julien Mouquin

Catégories : Nos Portraits

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