Après le schisme avec son public contre Freiburg, c’est un BVB en quête de rédemption qui retrouvait le Westfalenstadion pour la venue d’Hambourg. Sans son ange déchu gabonais, parti gagner de l’argent et jouer la sixième place dans la perfide Albion, mais avec ses deux nouveaux Messies : Michy Batshuayi, le nouvel enfant prodigue, et Marco Reus, ressuscité d’entre les blessés. Au niveau du résultat, l’opération rachat a été remplie mais en termes de jeu, c’était pauvre.

La nouvelle a bruissé dans le U-Bahn puis dans les Biergarten : Marco Reus est bien de retour, pas seulement dans le cadre, mais aussi comme titulaire et capitaine ! Nous achevons donc la tournée des Biergarten pour aller le constater de visu dans le stade, depuis notre apéro traditionnel en regardant l’échauffement au pied est de la Südtribüne : Marc est bien là, à trottiner avec ses coéquipiers, sans protèges-tibias, heureusement que nos Jungs n’ont pas eu l’idée d’organiser une petite opposition pendant l’échauffement. Nous avons un dernier doute sur sa titularisation lors de la Mannschafstaufstellung puisque Nobby est passé directement de Bürki à Toljan dans sa composition d’équipe, sans passer par le Nummer Elf de Reus. Mais c’était juste pour ménager son effet et réserver à Marco une triple ovation en l’annonçant un dernier. Notre capitaine est à créditer d’une mention honorable pour un joueur absent des terrains depuis la finale de Pokal en mai mais il n’a pas vraiment éclairé notre jeu de son talent, il lui faudra sans doute un peu de temps pour retrouver son meilleur niveau. A priori, Peter Stöger compte sur lui en meneur de jeu, dans l’axe, en soutien direct de Michy Batshuayi, comme neuf et demi. Soit le rôle qu’il occupait lorsqu’il avait été élu meilleur joueur de Bundesliga avec Mönchengladbach en 2011-2012, en soutien de Mike Hanke. C’était compliqué de jouer ainsi avec un centre-avant qui prenait systématiquement la profondeur comme Aubameyang mais avec un attaquant plus costaud et plus remiseur comme Batshuayi, cela peut être une option intéressante. L’inconvénient, c’est que cela contraint Stöger à reculer notre meilleur joueur de ce début de 2e tour, Shinji Kagawa, dans un rôle de milieu relayeur qui ne lui convient guère. On peut donc dire que notre équipe est toujours en chantier.

La purge habituelle

On commence à s’y habituer : le BVB made in Peter Stöger commence ses matchs très prudemment. Il n’est plus du tout question d’agresser et d’étouffer l’adversaire par un pressing infernal ni même de débuter avec un esprit conquérant. Sur les sept matchs de Bundesliga disputés depuis l’arrivée de l’Autrichien, il n’y a guère qu’à Köln où nous avons livré une première mi-temps plus ou moins correcte, les six autres mi-temps liminaires, Mainz, Hoffenheim, Wolfsburg, Berlin, Freiburg et donc Hambourg ont tourné à la purge insignifiante où notre équipe n’a strictement rien produit ou presque. On sait que la priorité de Stöger est de retrouver une stabilité défensive mais c’est quand même dommage de ne pas profiter de l’apport de cet atout majeur que constitue le Westfalenstadion quand le jeu produit sur le terrain parvient à l’embraser. Et je t’assure que samedi, nous ne demandions que cela et nous étions arrivés tous frétillants d’impatience avec tous les signaux au vert pour retrouver une belle ambiance : le départ d’Aubameyang, l’arrivée de Batshuayi, le retour de Reus, un coup d’envoi à 15h30, le week-end du Karneval… Las, notre enthousiasme primesautier a été douché par la performance indigente de nos Jungs. Le score de 0-0 à la pause illustrait bien la piètre qualité des débats mais, si une équipe avait mérité de mener après 45 minutes, cela aurait bien été Hambourg. Deux relances hasardeuses de notre garde suisse, Bürki et Akanji (par ailleurs, auteur d’une première en Bundesliga plutôt convaincante en dehors de cette étourderie), ont même offert deux balles de but aux Rothosen, lesquels n’en ont heureusement pas profité. Et Bürki a gagné son duel avec Kostic.

Un boucher comme sauveur ?

Heureusement et là-dessus aussi comme d’habitude, le BVB hausse un peu son niveau de jeu après la pause. Rien de cosmique mais suffisant pour forcer la décision contre ce HSV à l’agonie, malgré le changement d’entraîneur et l’arrivée de Bernd Hollerbach. Petite aparté : c’est un personnage intéressant, Bernd Hollerbach. Il y a quinze mois, il était sur la short-liste de tous les grands clubs d’Allemagne alors qu’il réalisait des miracles avec le club de sa ville natale, les Würzburger Kickers. Pourtant, le mec expliquait que ce job d’entraîneur n’était que temporaire et que son seul plan de carrière était de reprendre la boucherie familiale après la retraite de ses parents. Sa cote a un peu baissé après la relégation des Kickers mais il a quand même accepté de venir donner un coup de main à son autre club de cœur, Hambourg, où il a passé l’essentiel de sa carrière de joueur. C’est plutôt courageux de sa part car personne n’a vraiment envie d’être l’entraîneur qui conduira le Dino der Liga à la première relégation de son histoire, une relégation pour laquelle les Rothosen semblent plus mûrs que jamais. Bon courage à lui !

Première réussie

Donc, face à ce Hambourg en crise, le BVB va  rapidement trouver la faille après la pause grâce à un bon enchaînement entre Reus et Pulisic sur la droite qui permet à Michy Batshuayi de marquer devant le but vide. Le Belge a réussi sa première au Westfalenstadion, avec un but mais surtout plusieurs duels gagnés en costaud qui lui ont valu l’acclamation du peuple jaune et noir, rien de tel pour se faire adopter dans le Ruhrpott. Il lui manque encore des automatismes pour trouver sa place dans notre jeu en mouvement mais il faut dire que celui-ci était plutôt du genre statique samedi. Car, après ce but, le Borussia a recommencé à ronronner. Cette relative indolence aurait pu nous mettre en danger car, même si Hambourg n’a pas été très menaçant, il y a quand même eu quelques ballons chauds devant Bürki qui auraient pu tourner à la catastrophe s’il y avait eu une jambe ou une déviation au mauvais endroit. Vu notre fragilité défensive, c’est quand même jouer avec le feu que de vouloir gérer avec un but d’avance, sans trop chercher à aller inscrire le deuxième.

Champions du monde !!!

Il faudra attendre les arrêts de jeu pour définitivement assurer la victoire et la rédemption. La statue du Christ rédempteur la plus célèbre du monde, c’est celle du Christ rédempteur de Corcovado, sur les hauteurs de Rio de Janeiro. De là où elle peut apercevoir le stade du Maracana, dans lequel, par une belle soirée de juillet 2014, André Schürrle et Mario Götze ont offert à l’Allemagne son quatrième titre de champion du monde en prolongations. On retrouve le même duo pour ce 2-0, Schürrle à la passe et Götze à la conclusion, même si évidemment ce n’est pas tout à fait aussi important. Cela dit, malgré cette réussite, on peut s’interroger sur le positionnement de Götzinho. Peter Bosz était convaincu de pouvoir le reconvertir en milieu relayeur dans son 4-3-3, avec un certain succès. C’est différent avec Peter Stöger qui semble vouloir être tenté de revenir à un bon vieux 4-2-3-1 avec un véritable Doppelsechs, qui n’est pas vraiment fait pour Mario. C’est-à-dire avec Weigl, Castro, Dahoud, Sahin, Guerreiro voire Rode s’il revient pour les deux postes défensifs. Cela signifierait donc que les trois postes de milieux offensifs seraient à partager entre Reus, Schürrle (qui revient très fort), Pulisic (lui toujours à la recherche de sa forme éblouissante du début de saison), Götze, Kagawa et, à leur retour, Yarmolenko et Sancho… Notre entraîneur a donc encore pas mal de pain sur la planche pour trouver la bonne formule.

Des raisons d’y croire ?

Car, jusque-là, si l’on compare les cinq premiers matchs du début de saison sous Peter Bosz avec les cinq rencontres disputées contre les mêmes adversaires avec l’autre Peter, Stöger, la comparaison n’est guère flatteuse pour l’Autrichien. En termes de points, de jeu, de buts marqués, de plaisir… Si nous sommes à ce point en difficultés contre des adversaires que nous avions démontés presque sans opposition au premier tour, on peut craindre le pire contre les équipes qui nous avaient tant fait souffrir en fin d’automne. Et pourtant, il y a peut-être quelques raisons d’espérer. Déjà parce que le 1. FC Köln de Peter Stöger était plus à l’aise contre les meilleures équipes du championnat que face aux seconds couteaux. Ce n’est peut-être pas très glorieux pour un club comme le BVB de devoir s’adapter à l’adversaire plutôt que d’imposer son jeu. Mais, contrairement à Tuchel et Bosz arrivés avec un contrat longue durée pour redéfinir notre style de jeu, Stöger avait d’abord pour mandat de stabiliser l’équipe à court terme. Ensuite, en début de saison, Peter Bosz avait un projet de jeu clair et précis. Et donc par définition prévisible. Dès que les entraîneurs adverses ont compris qu’il suffisait de muscler le milieu de terrain pour déjouer notre pressing et profiter des failles dans notre défense, notre équipe s’est retrouvée en difficultés, sans plan B, sans alternative. Avec Stöger, nos schémas offensifs et notre système sont pour l’heure tellement flous qu’ils sont moins prévisibles et, à force d’être malmenée à chaque match, notre équipe est mieux préparée à affronter l’adversité et à redresser des situations compromises. Si tu me passes la comparaison, Peter Bosz a tenté de construire un Schloß, un château mode Neuschwanstein, tout joli et kitsch, mais en ayant négligé de construire les fondations, et le flamboyant édifice s’est dès lors écroulé comme un château de cartes aux premières tempêtes hivernales. Alors que Peter Stöger veut plutôt bâtir un Burg, une forteresse, en commençant par établir des fondations bien solides, on pensera aux fioritures et aux dorures ultérieurement. D’accord, le raisonnement est un peu capillotracté mais on se rassure comme on peut, non ?

Kölle Alaaf

Je sais que c’était la semaine précédente le match à Köln mais nous retournons dans la Domstadt pour y célébrer le Karneval. Il y a cinq ans, alors que notre équipe était pourtant bien meilleure, future vice-championne d’Europe, nous avions été très frustrés d’aller Alaaf après une nette défaite contre Hambourg. Du coup, même si la manière a laissé à désirer, je n’ai pas boudé mon plaisir après cette victoire, fêtée comme il soit. Déguisé en Templier, les pauvres Chevaliers du Christ, comme il se devait en ce week-end de rédemption après les nuls de Wolfsburg et Freiburg.

Catégories : Au Stade

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