Après la déprime de l’automne 2013, le BVB va magnifiquement redresser la tête au printemps. Le Meisterschale s’était certes envolé depuis longtemps mais un très bon second tour assure une magnifique deuxième place au Borussia. Mais c’est surtout les Coupes qui vont nous procurer des émotions. Le BVB passe tout près d’un exploit XXL malgré une équipe décimée en 1/4 de finale de Königsklasse. Et la saison aurait pu et dû se terminer par une magnifique victoire en Pokal à Berlin. Mais le trio arbitral, en refusant d’accorder le but parfaitement valable de Mats Hummels en a décidé autrement…  

L’année 2014 démarre par une nouvelle qui n’a surpris personne : dès le 4 janvier, le Bayern Munich annonce que Robert Lewandowski rejoindra la Säbener Strasse dès l’été prochain, à l’expiration de son contrat au BVB. C’était attendu : les Bavarois ont simplement attendu le délai légal (six mois avant la fin du contrat) pour officialiser la chose. Mais cette annonce ne va pas empêcher le redressement du BVB. Le retour de Mats Hummels va stabiliser notre défense et, débarrassés de la pression du Meisterschale, notre deuxième tour est très bon. Le BVB boucle sa saison avec 71 points, 19 de moins que le Bayern certes, mais seulement 4 de moins que les 75 du Meisterschale 2011 et même 3 de plus que les 68 lors du titre de 1996 avec Ottmar Hitzfeld qui nous avait ensuite emmené à la victoire en Königsklasse.

Mais, tout suspense s’étant envolé en championnat, c’est surtout sur les Coupes que nous avions dû compter pour vivre un peu d’exaltation en ce printemps 2014. En Ligue des Champions, nos Jungs commencent par franchir l’obstacle du Zenith St. Petersburg, grâce à un très bon match aller réussi dans les glaces de la Neva (4-2). En se faufilant dans les huit meilleures équipes d’Europe pour la deuxième année consécutive, Dortmund prouvait que l’épopée de 2012-2013 n’était pas due au hasard et que le club avait retrouvé une place parmi les cadors du continent. Le quart de finale sonne l’heure des retrouvailles avec le Real Madrid, désormais entraîné par Carlo Ancelotti et en route pour sa decima. Toujours handicapé par les blessures, le BVB ne pèse pas lourd au match aller à Bernabeu (défaite 0-3). Avec les absences, personne ou presque ne croit au miracle lors du retour et beaucoup estiment que le BVB ferait mieux de préserver ses forces pour la demi-finale de Pokal la semaine suivante contre Wolfsburg, a priori beaucoup plus accessible. Personne, sauf un : Jürgen Klopp.

Interrogé par la chaîne ZDF après la défaite de l’aller pour savoir si cette confrontation est déjà jouée, notre entraîneur répond : « On pourrait économiser de l’argent pour mon job si j’étais là aujourd’hui devant vous et je disais « oui, c’est plié. » » Et Kloppo va transmettre sa flamme à ses joueurs. Avec une équipe expérimentale, le BVB va surclasser le grand Real dans le chaudron du Westfalenstadion. Manuel Friedrich, l’ancien chômeur, va éclipser Karim Benzema, Erik Durm, venu pour renforcer l’attaque de notre deuxième équipe mais reconverti latéral en première, va écœurer Angel Di Maria, alors que notre improbable Doppelsechs composé de Milos Jojic, un inconnu venu quelques semaines plus tôt du Partizan Belgrade, et d’Oliver Kirch, l’éternel remplaçant, vont détruire le trio médian madrilène Modric-Illaramendi-Alonso. C’est l’un de ces matchs qui font la légende du Westfalenstadion où onze guerriers du Ruhrpott étouffent les superstars adverses. Avec nos armes : hargne, combativité, travail, volonté… Un doublé de Marco Reus refait les deux tiers de notre retard avant la mi-temps. Malheureusement, le troisième but qui nous aurait emmenés en prolongations ne viendra jamais : la faute à Iker Casillas, auteur de plusieurs parades décisives, à ses poteaux, qui le sauveront deux fois, et à Henrikh Mkhitaryan, qui a manqué trois immenses occasions. Le BVB est éliminé mais sort la tête très haute : « Mon ami Florentino Perez a encore les mains moites quand il repense à cette première mi-temps à Dortmund, rigole Hans-Joachim Watzke. C’était un quart de finale mémorable. Et cela démontrait que nous n’étions pas devenus mauvais, simplement que le Bayern était devenu meilleur. Nous avions  peut-être 3% de moins. Ou 5%. Tout était en ordre. »

Eliminé avec les honneurs de la Königsklasse, le BVB reporte ses ambitions sur la Pokal où il valide facilement sa qualification pour la finale contre Wolfsburg (2-0) au Westfalenstadion. La finale marque les retrouvailles avec le Bayern Munich à l’Olympiastadion berlinois, deux ans après notre triomphe dans ce même stade (5-2), une année après la finale maudite de Wembley. Malgré le titre remporté par le Bayern, la dynamique nous est plutôt favorable. Lors du match retour en Bundesliga, nos Jungs ont pris une éclatante revanche en surclassant le Rekordmeister 3-0 à l’Arroganz Arena, fragilisant le Bayern juste avant sa demi-finale de C1 contre le Real Madrid. Et nos Jungs font le plein de confiance en s’imposant 4-0 lors de la dernière journée de Bundesliga contre le Hertha dans ce même Olympiastadion où aura lieu la finale.

Au Bayern, en revanche, la crise couve, malgré le gain du titre. Remporté sans suspense ni émotion, faute de concurrence, le Meisterschale n’a presque pas été fêté. Plusieurs cadres de l’équipe et le public ne se retrouvent pas dans le jeu ennuyeux prôné par Josep Guardiola et le club a perdu son titre en Ligue des Champions, après s’être fait ridiculiser en demi-finale, subissant la plus lourde défaite de son histoire européenne à domicile contre ce même Real Madrid, si proche du naufrage au tour précédent au Westfalenstadion. De nombreux médias estiment même que Guardiola prendra la porte après une seule saison en cas de nouvelle défaite en finale de Pokal contre Dortmund.

C’est le quatorzième match officiel entre les deux clubs en quatre saisons (8 en Bundesliga, 2 en Supercup, 3 en Pokal et 1 en Ligue des Champions) ! Les deux équipe se connaissent donc par cœur, se craignent mutuellement et cela débouche sur un match cadenassé et pauvre en occasions de but. Jusqu’à la 65e : c’est alors que Mats Hummels s’élève pour reprendre un corner de la tête, le sauvetage du Brésilien Dante est trop tardif et le ballon a déjà franchi la ligne de plus de cinquante centimètres. Tor ! Tor ! Tor !

Pour tout le monde, sauf pour l’arbitre Florian Mayer et son assistant… qui laissent le jeu se poursuivre. Jusque-là, j’avais toujours cru qu’en football l’équipe qui marquait un but de plus que son adversaire durant les 90 minutes remportait le match. Mais les règles ne sont manifestement pas les mêmes pour le Bayern et Guardiola, sauvés ce jour-là par l’arbitre car, dans un match aussi verrouillé, l’équipe qui marquait en premier prenait un avantage décisif et, si le but de Hummels avait été validé comme il aurait dû l’être, nos Pöhler auraient pris une option décisive sur cette Pokal. A la place, c’est le Rekordmeister qui inscrira deux buts en prolongations, avec l’inévitable Arjen Robben dans le rôle du bourreau, pour un véritable braquage à l’Olympiastadion.

Watzke : « C’était une erreur catastrophique. Nous devons simplement le constater. La balle était 53 centimètres derrière la ligne. Je ne connais aucun grand entraîneur qui a eu autant de poisse avec les décisions arbitrales dans les grandes finales. » Après le match, lors du banquet, les joueurs et leur entourage sont complètement abattus (ce que je confirme : pour avoir rencontré nos Jungs le lendemain à l’aéroport de Tegel sur le retour à Dortmund, ils étaient encore complètement démoralisés). Pourtant, Jürgen Klopp va prononcer un « discours sur l’état de la Nation » plein d’espoir : « Il faut fêter une équipe qui a tout donné, a su faire face à tous les problèmes depuis dix mois d’une manière exemplaire et a surmonté la plus grande misère de blessures de l’histoire du football. Peut-être que nous fêterions différemment si nous avions gagné. Mais le Borussia Dortmund doit rester différent. Et si aujourd’hui quelqu’un vient encore me dire dommage je lui lance le verre que j’ai en main. S’il vous plaît, profitons de la soirée. Nous sommes définitivement de retour. Cette équipe a un si fort caractère  – peu importe ce qui nous est arrivés, nous irons chercher de nouveaux Jungs ! Tout ira bien ! »

Si tu as manqué le début:

Adventskalender: Jürgen Klopp

1er décembre : Revolution 09

2 décembre : Une défaite salutaire

3 décembre: Un rendez-vous presque manqué

4 décembre: A la conquête des cœurs

5 décembre: Goldene Zukunft braucht Vergangenheit

6 décembre: Un employé comme les autres

7 décembre: L’apprentissage

8 décembre: Le premier Derby

9 décembre: La désillusion

10 décembre: Les ruelles sombres

11 décembre: L’irrésistible ascension

12 décembre: En route pour la gloire

13 décembre: La consécration

14 décembre: Des lendemains qui déchantent

15 décembre: Doublefeier

16 décembre: A la reconquête de l’Europe

17 décembre: La trahison

18 décembre: Wembley Calling

19 décembre: Le retour sur terre

Adaptation libre de « Ich mag, wenn’s kracht » Jürgen Klopp. Die Biographie. De Raphael Honigstein, éd. Ullstein extra, 2017.

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